La Roche-aux-fées est un dolmen en forme d’allée couverte animé par de nombreuses  légendes paysannes. La première pierre de l’édifice, linteau horizontal ouvrant le passage sur plus de deux mètres de large, est un parallélépipède à l’orthogonalité presque parfaite disposé à hauteur de thorax

On pénètre. Dedans, une antichambre donne accès à une grande salle découpée en quatre espaces successifs dont le dernier, vaste et bien plus haut, permet de se tenir debout. Le sol est caillouteux et accidenté, mais tout en usures et en rondeurs témoignant de la multitude des personnes qui passèrent entre ses pointes, guère plus grosses qu’une main, et sous les tonnes de gypse étendues au-dessus des têtes. Ce mégalithe exige l’attention soutenue de ceux qui l’empruntent, comme s’il avait été agencé pour rendre impossible à quiconque de s’y promener tête en l’air.

La demi pénombre qui y règne n’est pas confinée, le tumulus qui devait la contenir ayant disparu depuis longtemps, la lumière filtre, accompagnée d’air frais et du bruit des vents qui sifflent dans les châtaigniers avoisinants.

Pourtant, le silence qui entoure ces bruissements reste présent pour ceux qui y prêtent attention. Partout, il serpente parmi la végétation et les pierres dressées, même le bruit des voitures et du tourisme que l’on perçoit au loin n’a pas d’impact sur leur calme. Ce silence en réserve se niche dans les vides, entre les courant d’air et sous la poussière, il constitue une trame souple et invisible, une contre-forme aux objets et aux personnes, un lien pour ceux qui sont unis. Sa matière est la même que celle que laissent les araignée entre les mailles de leur toile. On ne peut la toucher sans être repris par le piège du réel. Il est seulement possible de l’écouter et d’essayer de s’y fondre – hors de tout, hors de soi.