Superstructures est une exposition sur la possibilité de construire. Potentiel autant que symptôme, elle rassemble des pratiques de construction situées en dehors des concepts d’utile et de décoratif.

Simulacres de l’un et de l’autre, les pliages de papier jaune caterpillar de Julie Fruchon n’ont ni la solidité ni la pérennité des instruments de construction. D’ailleurs, la petite palissade qu’elle présente n’est pas assez grande pour cacher ou protéger quoi que ce soit ; elle ne pourrait guère plus servir de parement extérieur, mais semble capable de réaliser quantité d’opérations auxquelles on ne songe même pas. Même constat pour les objets en résine et les outils dorés que présente Cyril Aboucaya ; leurs usages rendus impossibles, ils déploient pour ceux qui les observent une stupéfiante sollicitation à se mettre au travail. Comme si la malfaçon induite par leur statut d’œuvre rendait évidente des interventions auxquelles on ne pouvait penser sans elle.

Constructions sentimentales et fugitives, le travail de Nadia Agnolet est fait de petites choses qu’elle récupère sur des chantiers. Difficile de savoir réellement ce qu’elles furent, à quoi servirent ces gravas et ces matériaux indistinct auxquels elle applique des roses fluo, des perles et des paillettes, alors qu’ils auraient dû finir la benne. Si du croisement du destin ils conservent les traces, c’est sous une toute autre forme qu’ils apparaissent désormais, car ces petits objets se sont mis à ressembler à d’autres agrégats, ceux qui peuplent les fonds de tiroir de chambre des jeunes filles : un mélange heureux de pâte à modeler piquée de feutres, de mèche de cheveux, de bijoux et de pacotilles pour Barbie.

Plus sobres, les Bibliothèques grises de Julien Pelloux affirment frontalement leur simplicité. Mais ces méandres labyrinthiques pour esprits bien ordonnés sollicitent autant l’option d’un entassement que l’idée d’une circulation structurée. De l’intérêt que l’on porte sur l’une ou l’autre de ces compositions découle une façon de prévoir le rangement, et donc la pensée qui le remplira.