Les reconstitutions de Mireille Blanc sont des éléments de surfaces peintes, des détails d’onctuosité que l’on est invité à assembler, tels les mets et les convives d’une tablée une journée de giboulées.

Dépouille participe à l’histoire qui démarre sur une partie de chasse ; cramoisi résiduel, mêlé de blanc et d’ocre salis par différents gris, besace gibecière que l’on aurait déposée sur le formica de la table de la cuisine, et qui viendrait tout juste d’être vidée de ce qu’elle contenait de mort à peine quelques minutes auparavant. Elle gît et déborde.

Plus loin, d’autres tableaux issus de cette même cuisine corroborent innocemment l’idée d’un repas en préparation, mais auquel les protagonistes ne prêtent quasiment aucune attention. Un dessin appelé Tableau ouvre une fenêtre et, au travers du carreau, montre une petite étendue d’eau bordée d’un gazon parfaitement entretenu. Un peu partout dans l’accrochage, des morceaux de tissus, pull porté ou étoffes froissées laissées à terre, signalent les allées et venues, les changement de tenues et les courants d’air. Au milieu attend un gâteau gonflé de chantilly probablement commandé la veille à la boulangerie du village en prévision de l’anniversaire du benjamin.

Suivent, une mappemonde assiette et une télévision allumée, de quoi occuper l’attention des enfants. Un Oreiller rectangulaire, dont la taie jaunie par le temps et le gras du cou déposé lors des longues après-midi télé, se trouve marqué de deux étranges formes blanchâtres disposées par la peintre dans le même plan que celui du tableau, soit face à l’observateur, un peu comme s’il regardait un suaire de Turin recadré pour les besoins d’une carte postale, autrement dit, recentré sur le visage, muet, et tellement vrai d’être faux. Puisque – et c’est le plus probable –, tout n’est qu’images, prospectus ou photographies personnelles, auxquels l’artiste par ses bons soins donne le droit de se transformer en souvenirs.