De prime abord, l’exposition présentée par Patrick Saytour à la Galerie Chez Valentin offre une sensation sucrée, finement sablée, comme celle procurée par ces savons aux propriétés très légèrement exfoliantes que l’on glisse de main en main par plaisir plus encore que par nécessité ; et dont la très lente réduction de la forme fait apparaître chez chacun les veines et les crevasses cachées qui leurs sont propres, de sorte qu’à mesure qu’ils disparaissent, ils deviennent plus uniques, plus singuliers et plus précieux aux yeux de celui qui les mène à leur fin.

Cette brève expérience est provoquée par une multitude de petites terres cuites, ordonnées immédiatement après l’entrée, sur une table métallique. Au plaisir mêlé de frustration – puisque nul n’est autorisé à les manipuler –, est associé celui procuré par un gros tapis garni de longs poils roux, suspendu au mur. Avec son air fauve, Gloire quitte le registre de la salle de bains pour celui de la buanderie. À nouveau, on se laisse à rêver de présences tactiles et réconfortantes. Mais ce sentiment a ses ambivalences, ces préludes ouvrent sur des œuvres autrement plus sucrées, imposant un aigre-doux permanent. Cela est tout particulièrement le cas avec Trophée ; association de jeans, de cintres et de porte-manteaux fièrement composés par l’artiste, et qui rappelent la tchache des jeaneries, celle-là même qui vous assure qu’une coupe vous sied à merveille alors que le miroir dit tout le contraire.

Le grand écart – hammam, vintage, trans-avant-garde – qu’obtient Partick Saytour oblige à se tenir sur ses gardes. Séduisant lorsqu’il brûle des boutons de fleurs imprimés, surprenant par son usage bruyant des couleurs dont la superposition semble directement avoir été inspirée par les magasins de breloques textiles du Sentier, l’artiste refuse toutes compromissions esthétiques. Suave à un moment, crissant tout de suite après, il propose une complexité qui n’a rien avoir avec celle des racines de bambous prémâchées que l’on trouve partout. C’est indigeste, et c’est tant mieux.