19 noms fictifs, soit une liste plutôt exotique de noms aux consonances anglo-lointaines. Zelda Zonk aurait pu être une exposition à thème, quelque chose autour de la couleur, du monochrome d’orient vers celui du couchant, de ses limites et de ses supports. D’ailleurs, on peut n’y voir que ça ; slalomer entre les œuvres, songer que les artistes sont peu connus, en reconnaître malgré tout un ou deux au hasard du télescopage d’un souvenir et d’une référence. Et puis s’arrêter au sentiment de ne pas savoir, que cela n’ait pas tellement d’importance, il est tellement courant face à un nom ou à une œuvre de faire semblant, de donner le change pour, parfois, mais pas toujours, raccrocher les wagons une fois la mémoire revenue.

Or, il ne s’agit pas que de cela. L’énigme que propose cette exposition ne se cache pas, elle est annoncée dès le début comme l’entrelacement de plusieurs contraintes, toutes, plus ou moins factices. Il y a d’abord les pseudonymes ; celui bien connu d’Henry Codax alias Olivier Mosset (mais pas que) ; puis ceux que l’on découvre, perplexe, reconnaissant des travaux déjà vus sans n’avoir jamais su qu’ils étaient présentés sous des pseudonymes ; et enfin, ceux qui ne disent rien. Ce premier embranchement crée un jeu entre les notoriétés des styles et des noms propres, avec en sus celles, potentielles, en devenir ou usurpées. Il y a ensuite l’orgueil ; courage à qui aura l’audace de prendre le risque de se tromper, déclarant reconnaître untel ici, unetelle là ; petits sourires en coin, mystifications et torses bombés. Rien ne dit encore que le commissaire ne se joue pas de nous lui aussi.

Puisque l’on ne sait rien, que peut-on savoir de moins ? Qu’y a-t-il en commun dans cette interface de l’ignorance où vérité et mensonge ont le même statut ? Puisque l’on commence toujours par ne pas savoir, et que trop souvent on se détourne une fois que l’on sait, n’est-il pas possible de penser une expérience démarrant là où d’habitude tout s’arrête, une connaissance parallèle et identique à celle que l’on connaît, mais qui n’aurait pas la même perméabilité, un dispositif où tout est tellement incertain qu’il serait un peu vain de résister aux théories du complot ?

Rien n’est moins sûr. Zelda Zonk a fini par se suicider, mais d’aucun pense que l’histoire s’est terminée autrement.