La Veglia est une performance qui dure toute la moitié d’un jour. Du midi au couché du soleil, Romina de Novellis s’affaire, assise derrière un canevas de laine rouge. Son actualisation à la Galerie Laure Roynette modifie sensiblement la donne. C’est qu’ici tout se passe en sous-sol, où aucun rayon de soleil ne pénètre.

L’artiste se tient dans un angle de l’exigu sous-terrain qu’elle coupe en deux. Entre elle et le public une structure tissée horizontalement ferme l’espace avec la rigueur d’une toile d’araignée. Les lignes s’étagent régulièrement du sol au plafond, de sorte à créer une barrière pour le regard, un piège qui l’attrape et le perd dans les aspérités duveteuses de ses laines qui s’effilochent et se boulochent avec une rigueur toute aranéide. Les spectateurs sont invités à observer, mais le regard s’abîme dans l’effet optique du canevas. Il n’est pas vraiment possible de soutenir un même point longtemps, impossible aussi de se concentrer sur la présence de la jeune femme, la gêne optique est permanente. Et ce, d’autant plus que la trame frontale se double d’une perspective ramenant les lignes vers l’artiste faisant faire aux fils un coude sur le mur afin d’être maintenus au sol sur un long morceau de bois. C’est de là que Romina les détache et les tire à elle avant de les nouer énergiquement et de former, par la répétition de tous petits gestes contenus dans un espace qui l’est presque autant, un agrégat de chapelets qu’elle laisse nonchalamment choir le long de ses hanches dévêtues.

C’est que derrière cette grille de laine rouge vif, la jeune femme est nue.

Une à une ces lignes verticales vont tomber, parfois en formant une courbe dans la grille qui les retient un instant avant de disparaître. La performance est accompagnée de voix, plutôt masculines, mais une langue que l’on ne reconnaît pas et qui laisse planer un doute sur la question. Le titre de la performance laisse supposer qu’il s’agit de chants de veillée. Progressivement Romina de Novellis va apparaitre. En restant assez longtemps on peut réécouter la bande plusieurs fois, les mêmes lamentations redites et répétées pour une morte qui n’en finie pas de s’éveiller à ceux, présents pour elle, avant que ne tombe la nuit.