Les trois artistes réunis pour Empty Lines, Nathaniel Rachowe, Rana Begum et Paul Reguenes, ont en commun un souci de clarté. Nul truc ni trompe l’œil, l’objet de leur travaux étant justement l’évidente beauté des matériaux quand ils sont utilisés avec simplicité.

Gp06 (2013) de Nathaniel Rachowe illustre parfaitement cette programmatique. La sculpture est conçue de sorte que chacun des éléments qui la composent soient perçus à la fois pour sa fonction et pour ses qualités plastiques. Elle est constituée de parpaings servant de leste à une structure métallique maintenant à la verticale trois tubes de néon pris entre deux plaques de verre. Les néons sont allumés, les fils qui les alimentent ondulent entre eux, l’équilibre n’appelle aucune objection. Rien ne semble avoir été utilisé sans avoir au préalable été longuement soupesé ; ni trop riches, ni pauvres, l’œuvre exprime avec lucidité la possibilité d’un moment d’apaisement.

Plus loin, de deux rails de lumière jaune poussin, l’un et l’autre guidés entre des alignements de béton tracent au sol une démarcation. Du même artiste, Pathfinding (2013) ressemble à un signe isolé de signalétique urbaine. Tel quel, l’installation pourrait être incorporée aux pied d’un bâtiment remarquable, ou alors souligner à l’attention des passants la bordure d’un canal, un trottoir ou une jetée. Cette polysémie n’est pas racoleuse, mais se laisse emporter par le mouvement de la pensée. L’objet est beau, et rien n’est plus agréable que d’y céder.

Les surfaces de plexiglas contrecollées de bois de Paul Reguenes explorent le même plaisir de la forme réduite à l’expression essentielle des deux matières qu’il utilise. Mat et brillant se répondent, s’embrassent en désignant l’espace qui les entoure, le mur, devenu un moment de cette relation.

Encore plus discret, le geste appliqué par Rana Beyum sur les feuilles d’acier qu’elle plie semble n’être fait de que detenues. Ces pliages ne sont jamais totalement fermés, rien en eux n’est origamique. Seules les couleurs apposées sur certaines faces dynamisent les compositions. Ouvertes, elles reflètent la lumière, se bordant elles-mêmes de halos rose fluo, jaune, bleu ou orange.