L’amour dont est question dans l’exposition présentée au Palais des Festivals de Dinard a lieu sur la plage. En la matière, la scénographie est des plus explicites. Des tapis de sable forment au sol des espaces clairs que l’on foule non sans un certain plaisir, allant et venant entre les œuvres. Mais de là à envisager une relation atomique, ceux qui un jour en firent l’expérience savent bien que tous ces grains ont la mauvaise habitude de se glisser partout où cela peut être désagréable.

Ce n’est pas un hasard si la Petite Sirène de Copenhague photographiée par Elmgreen & Dragset se tient sur un rocher et non pas sur une plage. Même constat avec les photographies de Massimo Vitali dont les baigneurs, sensuellement entassés sur l’Adriatique, se gardent bien de se rouler dans le sable, leurs préférant les côtes rocheuses et dentelées. C’est néanmoins une mer heureuse que l’on retrouve dans cette première partie, la mer estivalière et ensoleillée de Marc Desgrandchamps, où le soleil tape et crée les plus belles ombres que le midi ait données. C’est aussi celle de Martial Raysse, Une beauté à ici plage en bikini marchant nonchalamment en évitant le regard de l’artiste et de ses observateurs.

Mais l’été se gâte rapidement. Passent les plages du débarquement de Julien Audebert, le tsunami d’Agnès Varda.

La mer devient ambiguë, elle devient un fluide auquel s’associent nos rejets. À l’image des demi-bouteilles de Mona Hatoum qui donnent l’impression de flotter au sol, nos fantasmes, la chimère de Huang Yong Ping, ainsi que tout ce qui peut être charrié, que l’on redoute, mais que l’on ne voit pas, arrive avec l’eau. Mermaids, une installation de Sigalit Landau exprime parfaitement cette peur sous-jacente. Elle est  constituée d’une vidéo projetant le mouvement du ressac au travers de grilles bien réelles sur un mur.

À l’étage la mer a disparue. On se l’imagine au loin dans la vidéo où Gino de Dominicis tente de s’envoler. Dans le souvenir d’Icare, l’artiste au bord d’une falaise fait des tentatives. Il s’y prend à plusieurs reprises, bât des ailes, saute et se rattrape, recommence, se concentre, mais jamais ne parvient à décoller. Au burlesque succède le tragique. Gino de Dominicis aurait voulu s’abîmer en mer, mais il ne parvient qu’à trépigner et, inlassablement, recoiffer sa mèche de soixante-huitard qui lui tombe dans les yeux.