Des Salles d’attentes il y en eu deux autres ; à cette troisième, tout comme les précédentes, on y accède en poussant une porte, sans prendre rendez-vous, dans l’espoir d’être reçu. Elle ne ressemble pas vraiment aux salles que l’on a pu fréquenter auparavant, s’apparente plutôt à un archétype, avec juste ce qu’il faut de fantaisie pour troubler la monotonie des décors las, conçus par ceux qui n’en seront jamais les usagers, mais qu’Elvire Bonduelle pastiche avec bonheur.

Au rez-de-chaussée plusieurs bancs en mousse ordonnés dans le sens de la pièce font face aux nombreux tableaux accrochés aux murs. Le décor est complété par un porte-manteau et une rangée de pots de fleurs – dont certaines mortes – ainsi que  par des quantités d’objets propres à occuper l’arrivant et à le mettre à l’aise. À défaut de le divertir, ces revues, brochures (parfois inaccessible, comme les Palmiers qu’enferme sous plexiglass Rada Boukova), magazines et autre Rubik’s Cube (lequel est accompagné d’un Manuel d’utilisation pour réussir sa vie) indiquent que l’on peut être là pour un bon moment. Ce que corroborent les néons qui éclairent vivement la pièce, malgré les larges fenêtres abreuvant l’espace de lumière naturelle ; personne pour éteindre et allumer l’intérupteur, personne non plus pour arroser les plantes – personne pour venir vous chercher.

Seul, on accède à l’étage par un petit escalier droit. En haut, un papier peint écru, moucheté d’empreintes de mains, égaye les quelques éléments de mobilier qui ici invitent encore le visiteur à l’attente. En s’en approchant on découvre qu’il n’est pas en papier mais en toile, et qu’il n’a probablement pas été fabriqué mécaniquement mais manuellement. Un peu comme les travaux d’enfant, mais en plus propre, en plus régulier et moins coloré. Seul élément mouvant dans cet environnement, IRM la vidéo de Shana Moulton. Complètement hypnotique, elle se termine par un ballet de jambes en rétropédalage, comme pour de la natation synchronisée, mais sans piscine et prises dans une histoire étrange, médicale et malsaine. Aux murs, les six dessins de Renaud Patard – Miami Residencies – font face à une ligne de petites photographies 10×15 encadrées de résine plastique de supermarché qui forment vingt années de collection de chaises rassemblées par Charles Petit.

Dans cette pièce, une fenêtre et une porte. L’exposition ne le dit pas, mais si l’on attend suffisamment, celle-ci s’ouvre sur le bureau de l’assistante de galerie ; bureau donnant lui-même sur celui du galeriste.