La Gallery 2, espace secondaire de la galerie Andrea Rosen à pour mission d’organiser les expositions qui ne pourraient pas avoir lieu dans l’espace principal. Des expositions moins spectaculaires mais souvent plus subtiles et audacieuses.

C’est aussi l’opportunité pour la galerie d’essayer des associations trans-générationnelles, en l’occurrence les œuvres de quatre artistes ont été rassemblées autour du travail récent de Mika Rottenberg et ses questionnements sur la matière. La pièce qu’il présente est composée de plusieurs panneaux arrachés aux décors de ses productions filmées. Ici, elles sont tout simplement disposées contre un mur. Ces morceaux aux couleurs criardes comme des crèmes glacées industrielles racolent l’œil et la main aussi certainement qu’une vitrine de confiseur fait rouler les pupilles des enfants passant devant. La narration disparue, son monde de marshmallow, de vinyle et de patafix perd sa dimension onirique. Immobilisé dans les matériaux, privé mise en scène, le goût de l’artiste pour l’exubérance s’exprime sans intermédiaire. L’observateur se trouve alors en prise directe avec l’œuvre ; le décorum prenant corps dans la chute du sens dans la matière.

Ce travail est associé à une Textutologie de Jean Dubuffet. Ici la surface est marron, mouchetée de beige et de blanc, parfois granuleuse, mais relativement uniforme. Elle s’étant d’un coin à l’autre du cadre, pareille à du papier-rocher pour crèche de Noël.

Avec les neuf photographies de Sean Bluechel, la matière qui est au cœur de l’exposition se déplace du médium au sujet. Chacune des photos isole une personne prise dans une position dégradante – du genre, allongé sur un matelas, mi nu, le corps recouvert de sucette rouge partout jusque dans la raie du cul, ou encore, ligoté à une chaise et recouvert d’ordures et de papier toilette au point de quasiment disparaître sous les immondices. Cette liste de surenchères cracras joue à l’extrême avec la culture populaire et estudiantine de l’humiliation. Même si ses Drunk Photos sont des montages, l’escalade dans la blague lui permet de transformer la peau en une surface décorative à laquelle il devient possible d’ajouter autant d’artifices et de guirlandes que possible – et il s’en donne à cœur joie, les photographies ainsi réalisées multiplient les compositions et les possibilités, sans limite ni pudeur.