Les œuvres d’Herbert Hamak participent toutes d’une même recherche. Une lente exploration des pigments dans la forme qui pousse l’artiste d’une nuance à l’autre aussi subtilement qu’un écho se répand au creux de deux falaises. Autant le dire dès maintenant, face à cette œuvre il faut prendre son temps. L’exposition de la galerie Xippas est une étape dans cette exploration de la masse colorée. Ce sont des œuvres de petites dimensions ; accrochées aux murs, elles sont constituées de pavés de résine translucide qui créés des avancées volumineuses en direction des observateurs.

Ces blocs, aux arrêtes aiguisées, sont parcourus de fines inclusions qui semblent être le fruit d’une effervescence, un jaillissement, un rebond obligé dans son élan par une géométrie arbitraire. D’ailleurs, ces blocs ont l’air être faits du même polymère synthétique que les balles rebondissantes, qu’enfant, pour une pièce, on pouvait acheter dans les distributeurs automatiques qui ornent les sorties des grandes surfaces commerciales ; ces mêmes balles dont la propension à rebondir là où l’on ne les attend pas finissait toujours par nous les faire perdre en arrière d’une balustrade ou en avant sur la chaussée. Herbert Hamak les immobilise ; leur agitation définitivement tranquillisée, la couleur prend le relais. Elle capture la lumière sans la renvoyer, elle l’enferme et la concentre en une masse agglutinée, imprécise, si dense qu’elle en devient friable.

Dans le fond de ces blocs, on distingue parfois une autre couleur, un reflet lancinant sans provenance dont la cause est à chercher du côté de la toile par dessus laquelle ces excroissances sont venues se ranger. L’une des œuvres permet de corroborer l’hypothèse. Elle n’est pas très épaisse, et se laisse traverser par l’image d’une chaumière bordée d’un arbre et de quelques buissons. Cette image rustique de campagne est noyée, littéralement asphyxiée, comme peut l’être une tête de porc en gelée. Vue de l’extérieur, elle apparaît en objet sans bord ni matérialité, mais doté d’une masse intense toute proche, et pourtant aussi intangible que la démonstration qui permet aux collégiens de calculer la masse du soleil. Ce qui ne parvient jamais vraiment à convaincre autrement que par la beauté des forces qui s’équilibrent : centrifuge et gravité.