En poussant la lourde porte de la chapelle du Genêteil, le visiteur peut avoir l’impression de s’être trompé d’adresse. Ses hautes parois ont été recouvertes de tentures. Il y en a de toutes les couleurs, suspendus en rang d’oignon comme pour une fête médiévale. De plus, l’allée, vidée de ses chaises, est occupée par quatre structures tapissées, dont une est montée sur roulettes – Mardi Gras approche, peut-être est-ce un char ?

Ce curieux apparat est pourtant bien le travail d’Hippolyte Hentgen. Le duo a repris les règles de l’héraldique afin de composer ses propres blasons. Pour cela, elles ont récupéré d’amples morceaux de tissus qu’elles ont rapiécés. Le plus souvent, le motif des écus est très simples, exception faite des cas où les artistes, laissant cours à leur fantaisie, se sont servis de flamboyants imprimés végétaux et cartographiques. Chacun de ses blasons est orné d’armoiries inscrites dans un cercle divisé verticalement. À l’intérieur, deux images en noir et blanc sont associées. Bandes dessinées vintages, imageries scientifiques et ésotériques, animaux et perspectives architecturales, se recoupent aléatoirement selon les analogies de leur composition. Pour ces collages visuels, les deux artistes ont choisi de réutiliser des illustrations d’anciens manuels scolaires et diverses autres publications obsolètes. Bien que la plupart d’entre elles soient parfaitement reconnaissables et sans caractère énigmatique particulier, ces montages à cheval entre fêtes historique et cabinet de curiosités de quatre sous, surprennent par leur pouvoir attractif. Rien ne s’y cache, mais le syndrome Da Vinci Code vient quand même nous chatouiller. C’est comme si nous apportions avec nous cette part médiatique qui transforme les formes en symboles et leurs associations en rébus à déchiffrer. Ce qui permet d’obtenir des associations du type : chevelure nouée et cocotte en papier sur roseraie, ou encore mains de politiciens et de Mickey sur gris et noir.

L’enfilade de sculptures, disposées de la plus petite à la plus grande au centre de la salle, se prête elle aussi aux conjectures des visiteurs. Toutes, sauf la dernière, sont montées sur des tiges métalliques, la première ressemble à un ballon de basket recouvert de fourrure, la seconde à un élément mobilier gainée de points de croix, la troisième, un diamant surdimensionné conservé sous housse, alors que la dernière s’apparente à une cloche de plongé sur roulette. Ce n’est pas tout à fait le Puy-du-Fou, c’est bien mieux que ça.