Contrepoint à la réactivation de son jardin, le musée Delacroix présente une exposition autour des fleurs. Les fleurs de l’artiste, mais aussi celles de Johan Creten et de Jean-Michel Othoniel. Fleurs que, d’ailleurs, personne ne verra dans le jardin, qui reste nu et vert – hiver oblige.

L’une des premières œuvres présentées est le Nœud miroir, vert d’Othoniel. Trois rangs de perles, grosses et lisses comme de belles bulles de savon, serpentent dans l’espace. Pour peu, on dirait qu’elles ont été tracées par des rubans de GRS. Les perles vertes et argent forment des boucles élancées, arrêtées en plein vide. Elles attendent le dégel. En face, est disposé Feuillage et liserons en arceaux, un petit pastel de Delacroix. Grisonnant d’allure générale, il figure une masse verte et feuillue qui s’élève et retombe discrètement un peu plus loin. Une, deux, ou trois fleurs blanches fleurissent à son sommet, sur celui-ci on distingue également quelques ramifications se tortillant de manière indécise. Elles semblent ne pas vouloir suivre le cortège vers le sol.

Vient ensuite Wallflower IV, Fire work on a dark sky, une sculpture de Johan Creten. Elle est accrochée à un mur et forme un gonflement de grès émaillé recouvert de pétales serrés les uns contre les autres. Sur leurs tranches, les pétales sont gercés de lumière blanche, ce qui donne l’impression qu’elles sont recouvertes d’une gelée matinale ou d’une fine couche de sucre cristallisé. Ainsi, l’œuvre tient autant du bouquet d’hortensias que de la pâte de fruit. Les couleurs turquoise, or et suie se mêlent et se chevauchent pour former l’épanouissement du massif. Cette profusion donne l’impression d’être en constant renouvellement, mais en même temps, on est aussi tenté de dire qu’il implose, qu’il se recroqueville sur lui-même, aspiré par et dans les quatre nœuds qui le parcourent.

A l’opposé de ces exemples, Le Bouquet de fleurs dans un vase du maître des lieux renvoie à un éternel printemps. D’ailleurs, le tableau semble avoir été débuté par le vase, simple et sobre carré gris, inamovible dans la composition. De là, une grande variété de fleurs prend aisance. Elles y ont été disposées par pur goût pour la couleur et du mélange des touches.  Ici, l’artiste ne boude aucune occasion de laisser se vider son pinceau quand celui-ci est grossi de couleur pure et d’huile bien grasse, les pétales n’en sont que plus mûrs, éclatants comme une coulée de papillotes et de sucreries débordant d’un buffet à Noël.