Que reste-t-il du communisme ? Une tripotée de symboles qui forment une grammaire désuète et fleurie, peuplée de travailleurs dans l’effort, de scientifiques courageux, d’une jeunesse musclée resplendissante, et de sportifs en short. Qu’en faire ? Janka Duchonová choisit d’en user, de s’en amuser avec un grand shaker.

L’artiste présente plusieurs assiettes décorées à la main. Elles sont accrochées avec régularité au niveau du regard, de la même manière que celles que l’on peut voir dans tant de salles à manger. Ces assiettes sont de toutes tailles, sans pour autant être exagérément grandes ou petites, elles n’ont pas non plus l’air d’être très anciennes, on pourrait envisager de manger dedans si elles n’étaient pas clairement les souvenirs ornés de voyages passés. On ne peut que les contempler et, nous aussi, s’adonner aux souvenirs. Des souvenirs qui nous mènent en Albanie, centre de l’Europe, à New York, guidé par une statue de la Liberté voilée, à Bruxelles où un dragon s’enroule autour de l’Atomium, à la Mecque et sa Kaaba porte-drapeau de Coca-Cola et où la faucille et le marteau se métissent aux peuples comme au temps de la grande URSS.

La peinture qui fait face à l’entrée est plus subtile. Dans celle-ci, une jeune femme effectue une figure sur un cheval d’arçon. En appui sur sa main droite, elle semble s’élever avec facilité dans les airs. Derrière elle, un arc-en-ciel traverse l’espace du tableau formant une espèce de demi-auréole flamboyante. Le visage de l’athlète reste concentré, il ne saurait être le moment d’une quelconque fanfaronnade. À ses pieds, les deux angles inférieurs du tableau sont floutés par une fumée grise qui se dissipe et donne l’impression que l’on a dû pénétrer au travers d’elle pour voir la scène. Elle agit comme un révélateur, un truc de prestidigitateur qui fait apparaître au public la magie du sport. Sauf qu’ici, deux hommes sont restés dans le champ, ils n’ont pas eu le temps de s’éclipser avant qu’elle ne se dissipe. Les deux hommes manipulent un objet indéfini, une sorte de boite posée sur un trépied contenant ce qui pourrait être un antique appareil photo, à moins qu’il ne s’agisse d’un fusil d’assaut ou peut-être d’un objet de mesures scientifiques. La réponse n’est pas fournie avec l’œuvre.