Le mur qui nous fait face en entrant dans l’espace d’exposition de la galerie Hussenot est tout noir. En son centre, un néon blanc le zèbre de ses ramifications. Éclair annonce le titre – racine, a-t-on envie de répondre.

Sur les murs adjacents du même espace, deux panneaux de même taille se font face. L’un est recouvert de petits points, l’autre de rayures verticales. À chaque fois l’artiste n’a utilisé que trois couleurs, le rouge, le bleu et le vert, soit les trois couleurs du code rvb. Or ici, appliquées au pastel, les trois composantes ne se soustraient pas mais s’additionnent sans réellement former d’unité colorée. La lumière qui se pose dessus souligne leurs corps gras et leur matérialité. Sans écran, sans émission de lumière, le code se résume à la superposition de ses propriétés répétées. L’œil, qui n’est plus habitué à ce que l’image ne fasse pas le travail pour lui, est perdu, complètement désorienté. La recherche de point fixe est accentuée par les formats allongés de ces all-over, le regard les parcours sans trouver. Il pourrait s’épuiser mais il n’y a pas ici de piège, aucun mécanisme agressif. Seule la plénitude que laisse l’image digitale attendue quand elle ne vient pas, finie lentement par se distiller dans nos cornées.

Au sol est disposé Volatile, Nuremberg. Il s’agit d’un tapis de confettis allant du blanc au noir en passant par une vingtaine de nuances de gris. En faisant abstraction du titre, l’image ressemble à un lit à barreaux pour bébé, les motifs allongés et blancs évoquent cette protection qui empêche les enfants de chuter dans leur sommeil. Mais le lit est bien trop grand, d’ailleurs ce lit s’apparente plus à une barrière, une grille, qu’un espace maternel. Ce « lit » – réintroduisons le titre, qui se rapporte au complexe construit par Albert Speer pour le congrès nazi de 1933 à Nuremberg – sera celui d’un des plus grands traumatismes du xxe siècle.

Fire est un dispositif vidéo dans lequel l’image est projetée au sol sur un morceau d’aluminium. Par ce système, l’image est déconstruite et renvoyée en l’air. Plusieurs vidéos tournent en boucle ; feu d’artifice, organismes aquatiques et autres, créent, une fois difractées, par rebond, de grandes étendues lumineuses qui bouillonnent paisiblement sur le plafond de la galerie. Ces aurores boréales de poche ont quelque chose d’extra-lucide, comme si soudain l’image parlait enfin un langage autre que celui des mots et des descriptions.