Parfois prise pour la galerie elle-même par des visiteurs étourdis ou mal informés, la librairie de la galerie Yvon Lambert dispose d’un petit espace d’exposition ouvert sur la rue, peu commercial et donc souvent laissé disponible pour des projets amusants. Cet été, c’est Bertrand Lavier qui l’occupe.

Seules trois œuvres sont accrochées pour l’occasion. La première l’est au plafond ; il s’agit d’un petit mobile d’après Calder, le type même de production que l’on retrouve tant dans les musées d’art moderne qu’au-dessus des berceaux des beaux quartiers. Il est composé d’ailes bleues et d’une tête jaune, toutes –  fils de fer inclus – sont recouvertes de l’épaisse couche de peinture opaque, signature de Lavier, de couleur identique à celle d’origine de l’objet qu’il investit. À côté est disposé un Taille haie de marque allemande. Posé toutes dents en l’air, il n’est ni menaçant ni prêt à l’emploi, il se contente de briller sous les reflets gras de la peinture acrylique. La dernière œuvre qui vient compléter cette présentation est elle accrochée au mur ; il s’agit de Pekkari, un tableau aux motifs verts et beiges dont seul un carré au centre a été repeint par l’artiste.

Dans cet accrochage, rien n’est envahissant ou impressionnant, les œuvres sont récentes et la lumière de la rue vient les éclairer, leur donnant une bienveillante simplicité. Le passage des touristes et des badauds, et la musique qui parvient depuis l’autre pièce, donnent à l’ensemble une légère épaisseur supplémentaire. On pourrait presque se croire chez soi, il suffit juste pour cela de se laisser aller à apprécier ces œuvres, oublier qu’elles sont dans une importante galerie d’art,  et puis aussi discuter avec le libraire, qui ne manquera pas de distiller quelques anecdotes sur l’artiste : rien de trash ni de bouleversant, juste l’art et la vie.