Trouver, voir, ramasser, puis collectionner, exhiber, assembler et désassembler, dans l’œuvre du duo que forment Naïs Calmettes et Remi Dupeyrat, la pulsion scopique se double du plaisir d’arranger.

Pour cette exposition, les artistes présentent quelques objets issus de leur stock. Il y a de tout pense-t-on spontanément. En fait, presque tout : boule de bowling, flèches d’indien, lances, pointes de sagaies et autres clubs de golf. Presque tous ces objets se rapportent d’une manière ou d’une autre aux environnements ludiques et aux parcs d’attractions. Si la plupart d’entre eux ne sont pas des faux, leurs agencements les ramènent systématiquement au simulacre de carton-pâte que signent les distractions de masse. Il y a même une petite tour en bois, du type : fortin pour enfants jouant aux cowboys et aux indiens.

Une grande fresque remplie presque tout un mur, elle trace une géographie escarpée, faite de zones traitées avec différentes techniques de trompe-l’œil. De loin, on dirait un paysage idyllique, un de ces paysages que l’on retrouve dans la peinture de Joachim Patinir, jamais avare en pics et en crevasses. De près, les granites, marbres rose, marbres vert et divers bois forment une sédimentation visuelle dont les strates sont constituées par les techniques collectées par le duo. De part cette dualité presque fortuite, entre figuration et technique artisanale, LSD Last Sunny Day, 2086 donne à voir un arrangement dans l’accumulation et, simultanément, une représentation de l’accumulation. Un peu à la manière d’un plan, mais d’un plan réécrit à chaque fois qu’il est montré.

Cette idée de construction précaire se poursuit dans les trois œuvres LAST TRIP, Reserve I et Reserve II. Ici, les palissades et les fausses pierres tombales deviennent les signes de la supercherie de la société de consommation et de divertissement dans laquelle nous sommes plongés. Ce n’est même pas l’envers du décor que nous montre l’accumulation de Naïs Calmettes et Remi Dupeyrat, ce n’est même pas le spectacle des lendemains, mais c’est le moment où se réagencent, comme si elles étaient aimantées, les poussières de nos jours de fêtes.

Le duo ne fait pas que récupérer des objets, dans cette exposition il emploi aussi les travaux d’autres artiste. Douze volontaires ont été invités à extraire une œuvre de leur environnement personnel et à la présenter parmi les travaux du duo. Pour les reconnaître, toutes ces œuvres sont disposées à ras du sol sur de petits socles plats. Mais, si l’on excepte cette distinction, il est délicat de séparer et d’attribuer correctement les œuvres ; quoi ? où ? et à qui ? n’ont pas trop de sens, le mois prochains ces objets, ces œuvres seront agencés ailleurs autrement.