À première vue, la syntaxe du travail de Haim Steinback est simple. L’artiste trouve des objets et les associe de manière spécifique sur un support qu’il crée à cet effet. Ce travail joue des disparités formelles et sémantiques qui se télescopent mais trouvent toujours un équilibre. Le système est restrictif et répétitif, mais c’est ainsi que sont faite toutes les collections, et dans ce travail comme partout ailleurs, la collectionite est une maladie de modes.

Caché derrière un grand pan de mur blanc qui barre transversalement le couloir de l’entrée, Haim Steinback à posé l’inscription « No Elephants ». Et, en effet, aucun éléphant ne peut s’aventurer dans ce passage. Dans cette œuvre, l’artiste choisit d’arranger l’espace comme il le fait habituellement avec les objets, mais ici, il change d’échelle. Il appose une structure à une architecture et dispose au-dessus des éléments sélectionnés à cet effet. Une nuance tout de même est introduite : ici l’objet que l’artiste dispose est mouvant, c’est nous, le visiteur. No Elephants, prévient-il, tout ceux qui resteront bloqués sauront à quoi s’en tenir.

Les écarts d’échelles se poursuivent dans l’exposition. Un peu plus loin, une très grosse boule de papier mâché obstrue presque entièrement l’espace où se trouve aussi une voiture en lego ornant une vitrine, et, sept billes de bois tirées d’un jeu de bacci soigneusement alignées aux côtés d’une figurine Hulk en pleine colère. Là encore l’artiste démultiplie subtilement son travail ; s’en est presque comme si les œuvres en elles-mêmes devenaient les objets les unes des autres.

Dans l’entrée, l’artiste a disposé une œuvre devant laquelle on est peut être passé trop rapidement en entrant, mais qui prend tout son sens une fois la visite finie. Elle est composée d’une vitrine à deux étages comportant des fruits, et d’un appui-tête africain en bois. Soit l’exacte combinaison de ce que n’importe quel collectionneur compulsif a besoin à ce moment-là : du sucre et du repos.