Promenade avec Jean-Sébastien. Il n’est pas besoin de savoir qui est Jean-Sébastien pour aborder cette exposition, il n’est pas non plus besoin d’avoir révisé ses classiques, ses modernes et ses contemporains, l’œuvre de Kassia Knap se suffit d’un petit quelque chose de familier. Un sentiment lancinant, une résurgence culturelle qui prend ses sources au Louvre et dans les péplums.

Le travail de l’artiste s’apparente à de la peinture. Elle utilise de grands formats sur lesquels elle agrafe une toile épaisse, figée et recouverte d’une couche picturale sèche, où se mêlent plâtre et pigments dorés ou argentés. En s’approchant, on se rend compte que ces toiles ont l’aspect de carton-pâte, qu’elles ont la fragilité des simulacres. D’un peu plus loin, elles ressemblent à d’amples moulures imitant l’ondulation battante d’une robe au pas de course ou d’une voile prise entre deux vents contraires.

Cette surface est parcourue de nombreux plis et d’innombrables creux qui alimentent les associations d’idées. Il y a par moment des capitons et des boursoufflures, à d’autres endroits la toile est marquée d’un flux continu qui la prend d’un bord à un autre, on y devine des alluvions que serpentent des craquelures, des lourdeurs et des respirations. Mais toute cette activité est comme fossilisée dans l’espace de la toile. Ces œuvres sont comme les fragments d’un monument brisé par milles iconoclastes, et dont il ne subsiste que de sublimes, mais aveugles détails. C’est le vêtement d’Athéna, l’habit des trois Maries et leur effondrement emmêlé, que redresse Kassia Knap.

Ces morceaux, l’artiste leur donne la forme des monumentales ouvertures. Il y a là toute une antiquité de cinéma dans ces portes cintrées et obstruées. L’un de ces monolithes, plus gris, plus essentiel que les autres referme le tombeau du Christ.