L’exposition s’ouvre sur une tête de bouddha dorée encadrée d’une baguette de la même couleur. L’œuvre est un jeu de mots formé à partir du nom de l’artiste, une sorte d’avertissement à l’envers. À l’envers parce que la tentation de l’ironie à laquelle il nous pousse est justement celle que lui même fuira toute sa vie. Daan Van Golden est l’antithèse de l’artiste contemporain espiègle, son travail tout entier est au premier degré. Il ne laisse rien à l’observateur pour se raccrocher, rien pour sourire en coin.

L’artiste développe son œuvre à partir de motifs. Qu’ils soient géométriques, simples ou complexes, uniques, répétés ou organiques, il les reproduit sur des tableaux aux couleurs simples, rouge et bleu et noir. Une sorte d’ascèse qui concentre l’attention sur le passage d’une forme de représentation à une autre, mené sous la forme de systèmes répétitifs. De la figuration à l’abstraction, de la sculpture à la peinture, inversement, voire parfois en abîme.

Le fond de ses peintures est d’un blanc assez particulier, pas tout à fait uni. On y devine la trame beige de la toile brute dessous, ce qui donne un aspect moucheté aux fonds, un grain gris qui empêche l’œil de se reposer sur les formes que l’artiste peint par-dessus. Celuy qui fut pris est la silhouette d’une petite sculpture représentant une personne en chapeau, posée sur un socle, et portant quelque chose dans les bras. Le sujet de la peinture est une sculpture, mais elle en a perdu tous les aspects.

L’artiste collectionne les sélections d’images. Cela semble être l’obsession de sa vie. Ces images n’ont pas d’origine particulière, à l’exception de sa fille qui est pour lui un sujet permanent. Youth es an art est une suite de photos de celle-ci, une par année jusqu’à ses dix-huit ans. Daan Van Golden prend les images, parfois il les peint, parfois un peu des deux. Mais dans tous les cas, il s’applique à ce que l’image soit méticuleusement conforme au projet et qu’elle soit aussi simple et directe que possible. Dans Agua azul, il assemble trente-quatre photos représentant des étendues de graviers teintés d’un bleu délavé et qui forment des rivières immatérielles. Yves Klein n’est pas loin.

À mi-parcours se trouve un petit tableau presque tout blanc avec seulement une petite tache bleue au milieu. Mozart dit le cartel. L’artiste avait commencé, comme à son habitude, à peindre une silhouette, mais il s’est arrêté. L’œuvre avait dépassé le système.

L’exposition se poursuit, et le système reprend son cours.