Une tenture aux motifs de losanges colorés découpe transversalement l’espace de Rosascape. C’est Ulla Von Brandenburg qui le divise  en trois moments.

Le premier, celui dans lequel nous pénétrons en arrivant, fonctionne comme une antichambre. Elle est occupée aux murs par quatre dessins qui sont les positifs et les négatifs les uns des autres. Sur l’une des paires on voit des peignes, tous types de peignes, de toutes les formes, et parmi les plus improbables. Tout à côté, adossée au mur, est disposée Canne avec ombre. Comme son nom l’indique, cette œuvre est constituée d’une canne et de son ombre, cette dernière étant matérialisée par une cravate étendue au sol. Tels sont les premiers éléments du Chevalier inexistant.

Les deux autres espaces sont organisés de manière symétrique. Le même dispositif y est à l’œuvre : un film chanté en allemand, diffusé sur un grand écran placé en vis-à-vis de la tenture. La synchronisation étant parfaite, il est possible d’aller de l’un à l’autre sans éprouver de rupture. Une différence notable vient pourtant troubler la comparaison, si les deux images projetées sont identiques, elles sont inversées comme par un effet de miroir.

Le petit film met en scène trois personnages autour d’une table et d’une partie de cartes. Deux hommes et une femme y entretiennent dans un langage soutenu une conversation énigmatique, faite d’incompréhensions, d’élans dramatiques et de roulements d’œil d’opérette. La traduction des paroles mise à la disposition des visiteurs permet de suivre leurs échanges. Mais même après avoir vu plusieurs fois la scène, celle-ci continue de nous échapper. C’est comme si nous assistions à une fable, mais que nous ne pouvions pas en comprendre la fin. On va et on vient entre les pièces, songeant aux losanges de la tenture et à l’étrange héraldique qu’ils contiennent, mais rien ne vient, ou plutôt tout est là – sauf nous : l’inexistant chevalier de cette parabole.