Debussy : une exposition prétexte, mais prétexte à quoi ? Évoquer le musicien, donner un aperçu de ses goûts et entourages. Ce qui permet de mettre côte à côte, une photo des pensionnaires de la villa Médicis à Rome, un paysage de Munch Nuit étoilée, et un intérieur de Vuillard, sans brusquer personne. C’est dans cette perspective transversale que le visiteur est invité à voir sous une autre lumière que celle d’Orsay Les Îles d’or de Cross. Le tableau, icône néo-impressionniste, est composé uniquement de délicates strates beiges, roses, bleues, et vertes, qui indiquent le défilement de l’eau et du vent sur le littoral varois. Le La est donné, ici le symbolisme sera doux ― apaisé.

La deuxième salle associe Maurice Denis aux Préraphaélites Dante Gabriel Rossetti et Edward Burne Jones ; divagations symboliques et rêves païens mi-éveillés que Debussy aima beaucoup. À l’opposé, le contexte social du musicien le situe dans les intérieurs parisiens haussmanniens ; l’ambiance est légère et ensoleillée, les scènes de genre et portraits montrent une société concentrée et éveillée dont Degas est un des principaux acteurs.

Salon aux trois Lampes rue saint florentin de Vuillard montre trois personnages assis et emmitouflés dans le moelleux d’un salon coloré. Il y fait chaud et à lumière unique et diffuse donne une perception pleine de l’espace. Chacun est concentré, détendu et un peu rougeau – qui travaillant à de la couture, qui lisant le journal ou, pensif, méditant dans un fauteuil à bascule. C’est toute l’ambiance de la Troisième République qui s’ouvre à nous.

Un peu plus loin, plusieurs estampes japonaises témoignent du goût de l’époque pour l’exotisme extrême-oriental – japonisme – phantasme d’une société rythmée par une nature ferme, mais bienveillante et belle. Ensuite, une salle est dédiée à Pelléas et Mélisande, le chef-d’œuvre de Debussy. On y voit des études pour les costumes, ainsi que des projets de décors ; mais aussi divers artistes, Léon Bakst, Redon, parents au 3ème degré de l’opéra par le lyrisme ampoulé de leurs symbolismes.

Sur sa fin, l’exposition a la bonne idée de revenir sur les affinités de jeunesse du musicien, et de se clore sur une agréable pléiade mêlant L’après midi d’un faune de Gauguin au Portrait de Mallarmé de Manet, celui de Wagner par Renoir, Tuner, Monet, le Talisman de Sérusier, et même Kandinsky. Ces rapprochements ne sont pas vraiment sérieux, ils tiennent plus du musée imaginaire que de l’environnement de Debussy, mais après tout…