Le néon, pourquoi pas moi ? Tant d’artistes se sont posés la question, innombrables sont ceux qui ont franchi le pas. Il faut dire que l’idée d’une lumière que l’on noue comme un fil dans l’espace a de quoi ouvrir des perspectives. On se devait d’en recenser les fruits.

L’exposition Néon à la Maison Rouge s’en charge. Elle déroule pour nous des ribambelles de néons de toutes les formes et de toutes les couleurs ― assez fréquemment, bleu, blanc, rouge, le néon est une invention française nous dit-t-on ―, les œuvres sont regroupées par thématiques, et soigneusement alignées partout où il était possible de planter un clou.

Autant le dire immédiatement, l’exposition est déconseillée par l’ordre des médecins à tous ceux qui ont la vue fragile. La seconde salle est le pire cauchemar des ophtalmologues, elle rassemble la crème de la crème du bon mot d’artiste. C’est drôle, c’est fin, c’est acerbe, ironique ou tendre, mais à vouloir tous les lire, non seulement s’installe le sentiment de bouquiner un recueil de citations, mais la migraine en fait autant. D’une manière générale l’exposition alterne les deux situations, on passe de la blague à la prophétie, de l’éblouissement à l’aveuglement, du ludique au déclamatoire. Et pourtant, on y voit nombre d’excellentes œuvres.

Untilted de Jason Rhoades est de celle-là. Fort heureusement il y a tellement à lire que l’on renonce. Les néons multicolores sont mélangés aux câbles orange, noués en paquets et surplombant une banquette sur laquelle on ne peut malheureusement pas s’asseoir. L’exposition présente aussi quelques belles associations. Une salle toute blanche, avec Armleder Voltes V, Morellet Enchainement n°8, Mathieu Mercier Untilted, et Jeff Koons Pot, the pre-New series, marie la carpe et le lapin avec joie. Plus loin, on retrouve Big welcome, œuvre d’une série bien connue de Bruce Nauman, dans laquelle l’artiste fait exécuter à ses néons un « chat-bite » endiablé. Mais qui, seul, peine à faire oublier l’ennui de la visite.

Petit clin d’œil de fin, Averse de Delphine Reist, unique vidéo de l’exposition, installe le visiteur dans deux rangées de fauteuils de cinéma. La vidéo montre en plan fixe une salle vide, simplement éclairée de néons blancs, peut-être un parking, un entrepôt ou n’importe quelque autre espace aveugle. Un à un les tubes tombent et se fracassent au sol. Rien d’autre ne se passe, petit à petit la salle sombre dans le noir, signe annonciateur d’un repos oculaire  bien mérité.