Le temps d’une double exposition, la Galerie Denise René s’associe à la Fondation Josef Albers. Des carrés se dit-on. Oui, des carrés enchâssés, mais pas seulement, puisque dès lors qu’on les aborde, les formes répétées et contraintes par l’artiste oublient leur condition pour nous concentrer sur la couleur et son rapport à elles en même temps qu’elles tendent vers l’équilibre.

L’espace du Marais accueil les visiteurs avec deux grand tableaux. Le premier, Hommage au carré 1966/147 est vert, gris, châtain. Il a la particularité de ne pas être totalement fait d’aplats, en lui les couleurs frémissent, les jonctions entre elles dénoncent les coups de pinceau souple d’Albers. L’ensemble s’en trouve vibrant et tiède, comme un dimanche d’automne passé dans une maison de ville.

Juste en face est accroché Hommage au carré 1971. Dans celui-ci ce sont quatre carrés que l’artiste a disposés les uns dans l’es autres. Ils vont de l’orange pâle au rouge, formant un dégradé que l’on ne comprend pas immédiatement. L’équilibre du jeu de couleur est tel que toutes tentatives de compréhension de son ordre se transforme en séance d’hypnose.

L’exposition présente aussi quelques pièces de mobilier conçu par l’artiste, ainsi que l’édition tissée d’une de ses peintures. Cette version des hommages au carré est maintenue en haut par des accroches, tendue par son propre poids sur les cotés, mais flotte cependant sur le mur. Le bas qui n’est pas accroché ondule et donne un étrange volume aux carrés, un volume qui fait penser au tombé du drap d’un fantôme.

Le dernier espace alterne sur ses murs des photographies et de plus petits hommages. Pour la plupart, les photographies sont des détails de cathédrales, Paris, Strasbourg ou encore la Sainte-Chapelle ; d’autres montrent l’iridescence des vaguelettes qui courent sur la plage. Passant des photos aux peintures, du noir et blanc à la couleur, on se replonge dans l’équilibre subtil de ce travail. Les peintures, plus petites, moins enveloppantes, se laissent plus facilement observer. En rapport les photographies nous poussent à percevoir l’importance du choix des formes, chacune est un détail, et à chaque fois il demande à ce qu’on l’isole pour le voir.