L’espace Topographie de l’art réunit sept artistes autour de leurs bizarreries, de leurs tocs et de leurs obsessions sédimentées. Certains de ces artistes sont des marginaux, d’autres agissent en marge, voire ont été marginalisés par le milieu de l’art.

En entrant on longe tout d’abord les montages photos d’Anémone de Blicquy. Ces images sont constituées d’anciennes photographies, figurant le plus souvent des femmes ou des jeunes filles. À l’étrange des postures compassées l’artiste ajoute d’improbables associations. Elle dispose, qui dans les bras d’un gorille naturalisé, qui assise un fœtus sur les genoux, qui debout en habit de communiante, le regard perdu dans le vide alors qu’un corps famélique gît à ses pieds, inerte et rose bonbon.

Un peu partout dans l’exposition on trouve d’étonnantes maquettes réalisées par Ronan-Jim Sevellec. Ces espaces miniatures télescopent l’atmosphère moite et jaunie d’ateliers, de latrines, de bibliothèques et de salles de bain orientalistes. Ces intérieurs sont presque tous vides, sans poupée dedans, les scènes qui s’y déroulent ne nous sont pas visibles, seules les traces d’usure et d’humidité nous les laissent deviner.

On découvre aussi les photographies prises par Mario Del Curto. Au premier abord on croit que le photographe est intervenu après un ouragan ou dans un bidonville. En fait, il photographie les constructions que Richard Greaves érige depuis 1989 dans une forêt Québécoise. Ces édifices, aux allures de manoirs fantomatiques, branlants et de guingois, sont constitués d’objets de récupération. Avec pour particularité que l’essentiel de leur structure est composé de portes et de fenêtres, ce qui les remplit de lumière, et permet de voir au travers de ces ambitieuses demeures.

Au fond de l’exposition est suspendue une grande toile de Dado : amas de chairs roses, bleues et brunes, mais lisse et mâte, sans autre accès que l’image qu’elle renvoie. Celle d’un artiste qui n’a pu s’empêcher de représenter sa réalité brute, frontalement et ne voyant guère plus loin que l’extrémité de son atelier.  Ce qui, de nos jours, n’est pas peu dire.