Les œuvres de Dan Flavin sont faites pour l’espace, presque tous les espaces ; elles sont une combinaison entre un volume et sa capacité de remplissage. La galerie Perrotin présente une petite dizaine de pièces réparties en quatre salles.

Les formes sont bien connues. Les néons sont assemblés en T untilted (to Don Judd, colorist), tout en longueur four red horizontal (to Sonja), avec ou sans décroché untilted (to John Heartfield), parfois à la symétrie plus complexe comme monument for V. Tallin. Dans tous les cas, la lumière dicte à la structure de la pièce le déplacement du visiteur. Toujours, même quand plusieurs œuvres se côtoient à quelques mètres de distance, l’individualisme de ces formes rejette toute hypothèse de comparaison et d’assemblage. Et puis il y a le bruit du système électrique. Il bourdonne doucement à nos oreilles, indiquant avec constance que ces installations n’ont rien de naturelles, elles ne sont pas des apparitions, pas plus qu’elles n’appellent à une interprétation, leurs formes épousent l’orthogonalité des angles et prolongent la planéité des murs, un formalisme ni chaud ni froid, sans transcendantalisme.

Pourtant, on a beau essayer de suivre les tubes du regard, il se perd instantanément dans la longueur de la lumière ; les tubes et les entre-tubes s’accotent sans se fondre, ils se brouillent quand on les observe, toute insistance est vouée à échouer. Car en dépit de toutes les règles formelles qui constituent ces signes, ils ne nous laissent aucune faille pour que l’on puisse les saisir, rien d’autre que des formes qui disparaissent quand on les regarde, mais qui  nous imprègnent quand on s’en détourne.

Et c’est là que ce travail nous trouble, quand l’expérience dément la connaissance, quand la certitude de la forme échappe à son contour.