Trois fois par an le Musée du Louvre commande à un artiste contemporain une gravure pour enrichir sa collection. Le cabinet d’art graphique en présente une petite sélection. Pour l’occasion les œuvres et de leurs matrices sont exposées. Car là est la spécificité de ces commandes, elles portent autant sur la matrice que sur les gravures qui en seront tirées.

Mais alors, quel sont les d’artistes contemporains acquis par le Louvre ? Essentiellement des artistes prestigieux, mais, parfois aussi de moins connu, moins visibles. La liste vaut la peine d’être énumérée : parmi eux des français, François Morellet, Dove Allouche, des européens, Mireille Gros, Richard Deacon, Guiseppe Penone, Tony Cragg et Peter Doig, et puis des américains, avec Kiki Smith et Jenny Holzer. Que du beau monde en somme. Ce qui fait assez rapidement supposer que les artistes sont plus sélectionnés pour leur œuvre en général et leur notoriété que pour leur pratique de la gravure. Mais après tout, le Louvre ne saurait ouvrir ses tiroirs à n’importe qui.

Certains de ces artistes sont des aficionados des techniques de gravures, d’autres des dilettantes. La plus part des œuvres acquises sont caractéristiques de leur travail, seule celle d’Holzer semble être en lien directe avec le musée. La gravure qu’elle a proposée reprend une photographie de la pyramide du Louvre sur laquelle l’artiste avait effectué une projection à l’occasion de l’anniversaire de ses 20 ans en 2009.

On trouve donc de bonnes surprises comme quelques maigres déceptions. Morellet est rarement aussi bon que lorsque ses œuvres ont été produites industriellement, c’est le cas ici ; Peter Doig se révèle un fin praticien sur ces petits formats, alors que souvent ses œuvres sur papier sont un peu trop molles. À contrario, les propositions de Penone et de Kiki Smith – grands usagers des techniques de gravures – sont loin de donner le meilleur d’eux même, le travail de l’italien manque singulièrement d’ampleur, et Nocturne de l’américaine à l’air d’avoir été produite par un épigone.

Finalement, le plaisirs de cette exposition tient principalement dans le fait que les matrices soient exposées elles aussi. Et bien que ces objets aient avant tout un intérêt technique, leur observation est une délectation. Il n’est pas rare que celles-ci se distinguent de l’œuvre imprimée.