Comme à son habitude la galerie Almine Rech présente une double exposition. En l’occurrence il s’agit de deux artistes américains, Partick Hill et Marc Hagen.

En haut sont rassemblés les travaux du second. Dans une première salle, sont mélangés deux types d’œuvres. Aux murs les Additive Painting qui se présentent comme de grandes toiles de jutes brutes jaunies par l’action du soleil, sur lesquelles l’artiste a posé des empreintes géométriques gris clair. Le dessin – sorte de tangram fantaisiste – est tracé par la jonction des formes dessinées par la peinture déposée au couteau au travers de la trame de la toile, et des lacunes sur le reste de la surface. Au centre de la pièce on trouve des sculptures qui s’apparentent à des palissades. Elles sont formées par l’empilement d’empreintes de ciment de packs et de bouteilles que l’artiste utilise comme des briques. Spontanément on songe à des emballages alimentaires, mais rien ne dit que l’artiste ne se sert pas de bouteilles de « White Spirit ».

La seconde salle accueille une seule et grande sculpture. Sans rien autour elle ressemble à une sorte de ruine conjuguée du suprématisme et du cabinet de curiosité. De l’un perdure quelques références, tels ces morceaux d’obsidienne sculptés dans des formes géométriques, mais brisées, et de l’autre l’assemblage éclectique et mystérieux de ces trésors amassés. Toutes les pierres sont disposées sur une structure métallique aux soudures grossières qui évoquent la coque d’un bateau en cours de démantèlement.

En bas, on trouve la dizaine de sculptures de Patrick Hill. D’une œuvre à l’autre il combine, et recombine, des éléments que l’on croirait issus d’une salle de bain californienne. Ainsi, chacune des sculptures est formée à partir d’un pavé de bois d’une couleur sombre et mate, d’une plaque de verre, et d’une de marbre gris, l’une et l’autre découpées selon des formes rondes et régulières caractéristiques des lavabos et des tapis de bain. Le tout est soigneusement maintenu par des rivets en laiton. De plus, les tranches de marbre sont recouvertes de petits pointillés cyan ou jaune en forme de coquillettes.

La référence à David Hockney et à sa californian way of life est omniprésent, de même que la référence, en abîme, à la sculpture cubiste au travers de l’artiste anglais. Mais l’on peut aussi  en voir une toute autre, celle du générique de la série télévisée « Sauvé par le gong » avec ses couleurs franches et son graphisme sautillant.

Au-delà des ressemblances ces sculptures sont développées et modulées de sorte à multiplier les points de vue. Elles semblent toutes être les étapes d’un même objet transformable, sorte de meuble handicapé, chimère coincée entre le désir d’être une table basse et un plongeoir de piscine.