Reena Spaulings est un collectif constitué par l’interaction de ses membres. Un espace, où sont constamment reposées les questions de paternité et d’authenticité dans la production artistique.

Pour son exposition à la Galerie Chantal Crousel, Reena Spaulings a fait appel à Catherine Feff, une artiste un peu oubliée, mais dont une peinture murale est visible dans un parc public du quartier. Ce même motif est prit sur tout un pan de l’espace de la galerie. Plusieurs personnages y sont posés dans un décor antiquisant. À en croire la notice la peinture évoquerait la High Line New Yorkaise. Qu’importe qu’il connaisse cette ancienne voix ferrée ou non, la curiosité du visiteur est piquée par tout autre chose. Le trouble causé par l’irruption d’un des éléments de décors les moins agréables du quartier impose un instant de recul et d’incompréhension. Cet acte de  récupération, cette œuvre engagée par le groupe pour jouer son propre rôle dans l’exposition, nous lance à la figure la vraie amplitude de la disponibilité des matériaux dans l’art contemporain. Ce n’est pas joli à voir et en même temps complètement excitant.

Le reste de la pièce est remplit de peintures monochromes réalisées sur la surface de cartons alvéolés dépliés. Leur forme est jolie. Elle a quelque chose de géométrique dont la fonction d’usage est tout à la fois évidente, tant cette structure crie avoir été pensée, et en même temps mystérieuse temps que l’on n’a pas compris qu’il s’agit de cartons à pizza mis à plat. Quoi qu’il en soit, le collectif semble consommer des pizzas en nombre, et ne jamais en déchirer les boites. Anecdote sur le gâteau, ces boites sont les même que celles utilisées par les manifestants de Wall Street pour y écrire leurs slogans.

Plus loin on est invité à pénétrer dans un espace rempli de rallonges, de fils raccordés à des dominos et de multiprises surchargées reliant entre elles de petites fenêtres fermées derrière des stores vénitiens. Une ou plusieurs ampoules sont allumées à l’intérieur de chacune des fenêtres. De la sorte, ces fenêtres qui ne donnent sur rien deviennent les luminaires de ce réseau tentaculaire et tellement caractéristique de nos intérieurs contemporains.

Dans la dernière salle quelques gravures sont encadrées, elles montrent des signes griffonnés. Des calculs par ci, des traces de griffures par là… mais rien de réellement distinct. Dans ce cas encore, la notice de l’exposition finit par nous donner une piste ; mais elle ne semble le faire que pour le plaisir de nous voir souligner notre curiosité, puisque ce que l’on apprend ne modifie nullement notre appréciation des gravures.

Et puis au centre de cette pièce, un bloc de plexiglas renferme une minuscule puce aux reflets métalliques monté sur une épingle : la fameuse bed bug qui fait se gratter tout New York.