Rosascape est une invitation ; un appartement seulement occupé par une grande table carrée, quelques livres et une imposante cheminée de faïence verte. Et puis il y a les œuvres.

Celles de Katinka Bock sont d’une simple intimité que l’on ne dépasse qu’avec prudence, leur aspect frêle et nu désarçonne, seul face à ce travail il faut un temps d’acceptation pour se laisser frôler. Il demande à se tromper, à glisser dessus, les matériaux sont pauvres et les gestes retenus, mais jamais familiers ; bien qu’ils créent une immédiate proximité entre l’artiste et le visiteur.

La première œuvre que l’on aperçoit, Danke, rot, est un empilement de galettes d’argiles cuites, posé au sol. Autour le parquet ancien, les murs et leurs moulures, l’écho propre aux appartements haussmanniens forment le creuset de ce travail brûlé par le four, et dont on ne comprend qu’après coup – voyant une photo de l’œuvre avant cuisson – qu’entre les crêpes de terre était disposé un bouquet de fleurs. Le bouquet à disparu, et des traces noires l’ont remplacé.

Tout à côté, une autre œuvre ocre et brune est constituée de deux longs morceaux rectangulaires et plats. Le premier, à même le sol, est marqué de griffures et de coups ; sa surface témoigne de la nuit que l’artiste a passée dessus enveloppée sous l’autre morceau qui faisait office de couverture. Ce dernier est retroussé et laisse entrouvert l’intimité des draps désormais rigides du Lit (une nuit).

Le second espace d’exposition renferme une troisième œuvre, immatérielle, bleue et omniprésente, Blaue Stunde Raum est à la fois la matrice de monotypes réalisés sur les fenêtres de la salle, et un filtre colorant la lumière venant de l’extérieur. Il y a huit fenêtres, hautes et étroites, six grandes et deux petites. L’artiste a appliqué sur les vitres de la peinture bleue, de ce bleu de fin de journée que l’on perçoit par temps clair peu avant la tombée de la nuit. Sur la peinture elle a déposé les bribes ramassées en bas dans la rue, puis elle a apposé des morceaux de carton récupérés eux aussi ; ce faisant la peinture s’est affinée et s’est maculée de lacune donnant à la surface des vitres l’aspect d’un sol gelé. La pièce se remplit alors de la lumière qui filtre calmement au travers des fenêtres, le bleu se repend sur les murs blancs et se dépose contre le parquet vernis.