La galerie Martine Aboucaya reçoit une troisième fois l’anglais Antony Mc Call. Pour un artiste qui s’évertue pour combiner l’espace et la lumière, les locaux de cette galerie présentent un challenge intéressant. Cette fois il plonge dans le noir la dernière salle de la galerie.

Mais avant d’y parvenir il faut longer le couloir où sont accrochés des dessins de l’artiste. Habituellement on ne découvre la forme des faisceaux lumineux qu’une fois devant le fait accompli, mais ici ils précédent l’œuvre. Ces travaux reprennent en rouge et noir les volutes du tracé de la lumière mis en place dans l’installation. Très simples et horizontaux, ces coupes transversales ne dévoilent rien du mystère de Throes, ce sont de fines tranches d’agonies que l’artiste fige.

Puis on accède à l’installation proprement dite, mais cela se fait via le mur qui reçoit la projection la lumière. De la sorte on perçoit tout d’abord le cône lumineux par sa base, les rais de lumière forment une perspective qui se rejoint au niveau du projecteur braqué sur nous ; comme dans un commissariat de polar. Mais la comparaison s’arrête là, la lumière de Mac Call est douce et chaleureuse, on voit au travers du volume blanc un léger flux de poussière que l’on comprend émis régulièrement par un mécanisme au sol. On hésite un faible instant à la laisser entreprendre nos poumons, mais il est déjà trop tard, une fois comprise par nos sens l’œuvre est déjà à l’intérieur de nous.

Les volumes qui s’enroulent lentement sous nos yeux sont à la fois le corps de l’œuvre et un espace dans lequel nous sommes invités à pénétrer. Une fois dedans, le serpent blanc de lumière se noue imperceptiblement contre le mur, glissant sur notre visage plongé dans le sable mouvant du cône blanc.

L’expérience n’est pourtant ni hypnotique ni cathartique, elle enveloppe sans toucher, et ne déclenche que l’attente – une attente.