Comme il se doit, cette carte blanche à John Armleder ressemble à un méga mix. L’artiste a réuni sur une même estrade trente deux œuvres conçues par autant d’artistes.

L’ensemble forme une collection d’art éclectique, arrangée comme pour une photo de classe, les petits devant accroupis, les moyens assis, et les grands, debouts, derrière. Le tout a fière allure, d’ailleurs les visiteurs sont invités à ne pas trop s’approcher. Une ligne blanche, consciencieusement gardée par un vigile, interdit d’aller au plus près des œuvres. Elles sont montrées ici à la manière d’un palmarès, le palmarès de tout ce qu’Armleder a pu trouver pour faire de la réclame.

Ce petit monde est aussi divers qu’étrangement logique. On y trouve des touches pop (Sylvie Fleury – Xavier Veilhan), des accents minimalistes (Olivier Mosset – Steven Parrino), flashy (Delphine Coindet), conceptuels (Bertrand Lavier), intellectuels (Jim Shaw – Wallace Berman) et, bien sûr, suisses (Fabrie Gygi, Valentin Carron etc.). Il y a même une vidéo pour la bande son.

Ce collage d’artistes fonctionne selon la leçon devenue un classique de l’artiste. Il se saisit de choses, quelqu’elles soient, les associe, comme il veut, et forme avec une grosse œuvre composite mêlant librement les objets et leur environnement. Les connus et les inconnus constituent alors le contexte du travail d’Armleder. Ici, l’œuvre de l’artiste est réduite aux associations possibles. Ce faisant il coupe l’herbe sous le pied des digressions qui accompagnent souvent l’observation des œuvres d’art, puisque c’est lui-même qui nous les fourni. Il crée un entre deux, à chacun de s’y faufiler pour trouver une issue visuelle.