Dans son travail Alexandre Singh construit des dialogues. Pas forcement avec un interlocuteur, ni même avec un souci de pertinence, mais toujours en tant qu’objecteur. Les œuvres qui sont présentées à la Galerie Art Concept sont trois portraits. Un scientifique, un dramaturge et le directeur du Palais de Tokyo.

Chacune de ces pièces est constituée de diagrammes disposés aux murs et faits de petits cadres blancs de différents formats. Ceux-ci contiennent des photographies, des collages, des dessins ou un mélange de ces éléments, le plus souvent sur un fond uni et vide. Tous sont en noir et blanc et réalisés sur le même type de papier à imprimante de bureau. L’artiste les relie par des pointillés selon une logique d’association que l’on imagine de cause à effet ou de réciprocité. Mais rien n’indique clairement que ce charabia de signes n’ait pas été organisé par hasard. On ne comprend pas tout, les associations sont souvent bizarres et les images surréalistes, du coup on imagine, on fantasme un peu jusqu’à ce qu’une narration sorte de cet ordre géométrique.

Mais que sont ces éléments ? A priori difficile de faire un quelconque lien entre une tête d’oiseau, une chaussure sous laquelle s’extraient un éléphant et une souris de même taille, des visages autour d’une table, et toutes les autres associations d’idées que l’artiste a utilisées. Il concède dans la notice de l’œuvre que tout n’est pas absolument ressemblant, certains éléments relevant de son propre apport. Le reste est librement extrait et visuellement interprété à partir d’interview.

Chacun est libre de faire chemin inverse et de reconstruire les conversations. Mais aussi savoureux qu’il se promet d’être, cet exercice n’a rien d’indispensable. La mise à plat des cheminements de la pensée que ce travail propose se satisfait d’être à sens unique. Car ces œuvres parviennent au formidable paradoxe de réussir à figer rationnellement l’éclatement des zigzags ordinaires de la pensée, tout en conservant leurs caractères indicibles. On a beau tourner autour du pot, c’est le coq et l’âne que l’artiste a cloués aux murs.