L’installation que l’artiste italien Luca Francesconi expose à la galerie Chez Valentin ne se laisse pas saisir facilement. Le premier coup d’œil n’est séduisant que pour se retourner l’instant d’après en une intense suspicion. Tout est trop beau pour être vrai ; face à nous – soclée et lisse – un tronc féminin sans genoux et coupé à mi ventre ouvre la marche. Côté face comme côté pile il nargue royalement le visiteur de sa nudité antiquisante.

Tout autour les murs de la galerie ont été peints d’un noir mat qui donne une texture de tableau d’école, quelque chose de poudreux que l’on évite de toucher de peur de le faire grincer. Repoussés, les regards se concentrent sur les matières dorées et laquées qui brillent outrageusement au sol de cet environnement.

On croit tout d’abord avoir affaire à une poignée d’œuvres dispersées dans l’espace de la galerie. Pourtant il s’agit d’une seule et même installation. On ne perçoit réellement cet ordonnancement qu’une fois au centre. Non pas qu’un lien objectif n’apparaisse au contact de ces objets, mais plutôt, qu’il devient rapidement évident que leurs présences sont conditionnées les unes par rapport aux autres. Il se dégage une proximité entre ces éléments. Ceux-ci sont en cuivre, en charbon et couleur raphia. Ce sont des pots et du bois carbonisé, une bouteille verte et des coloquintes rabougries. L’esthétique qui résulte de ces associations est éminemment pointue.

Ensemble ils ne forment pas un cercle, rien n’est sur le point d’advenir. Ils sont plutôt la conséquence magique d’un événement indéterminé, le coup de dé ou d’osselets que l’artiste a lancé. Alors on regarde et l’on essaye de déchiffrer. Il y a forcement un signe dans la tension entre la peau molle et bosselée des légumes et la surface réfléchissante des coupes. Mais rien n’y fait, la réponse que semble contenir le geste de l’artiste n’existe que pour ceux qui y croient.