Caro Suerkemper reproduit la faïence bleue de nos grands-parents à partir d’images contemporaines. Elle associe la mièvrerie et la délicatesse de la céramique de Sèvres aux images d’une sexualité non pas pornographique mais intime, souriante et débridée. Et de temps en temps elle verse dans le « bondage ».

Une première suite de dessins reprend des scènes telles que celles que l’on voit tous les jours. On ne distingue pas toujours très bien le sujet des photographies qui ont servi de modèle, mais l’on pense aux poses familiales, aux reportages de guerre, à l’actualité. Ces scènes sont intégrées au décorum tout en courbes et contres courbes de vases comme l’étaient les travaux des champs et les images badines sur la porcelaine d’autrefois.

À leur côté une étrange sculpture féminine est adossée à un mur. Par effet de miroir on voit que ce buste renferme une autre figure de femme recroquevillée à l’intérieur. Le visage du dehors est benoîtement lumineux, celui du dedans, inquiet. C’est toute la dialectique de l’image renvoyée et de la pensée intime qui se trouve résumée ici. Et dieu sait que l’enjeu est de taille aujourd’hui.

Au sous sol on trouve plusieurs objets interprétant l’héritage des arts décoratifs du XIX ème siècle. Un luminaire trône sur un socle. Le pied plantureux est fait de jeunes corps enchevêtrés. S’il faisait un peu plus sombre, on s’imaginerait volontiers devoir glisser sa main tout contre ces fesses pastel afin de trouver l’interrupteur.

Dans la dernière petite salle sont accrochés plusieurs dessins. Ceux-ci sont franchement osés, ils se situent dans la lignée des papiers cachés dans les doubles fonts des secrétaires familiaux. On y voit des femmes encordées, ligotées, le visage radieux toutes à leur plaisir et à celui de leurs partenaires que l’on ne voit pas. Juste à côté, comme pour clore tous débats sur les sous-entendus de l’exposition, ce qui ressemble à des presse-papiers pousse la curiosité un poil plus loin. Ces pavés de terre cuite émaillé sont tout simplement surmontés de dames déféquant. Ni plus ni moins.