La galerie particulière invite Arnaud Vasseux à exposer ses sculptures de plâtre. Ce matériau leur donne leur matière mais n’en est que la surface. L’artiste travaille sur le vide – le fugace auquel il tente de donner forme en l’adossant à des moulages. Les empreintes de mouvements, le geste des fluides et la forme de ce qui n’en a pas prennent ainsi corps dans ce matériau éminemment fragile et friable qu’est le plâtre. Tout concourt à ce que l’on pense que l’artiste laisse ouverte la porte à la disparition des arrêts qu’il a orchestrés. Tôt ou tard le vent redeviendra poussière et emportera avec lui les restes de ses sculptures.

Mélange, l’une des premières œuvres découverte en entrant dans la galerie est recouverte de billes de verre. Elle a la forme d’un champignon atomique, presque celle d’un champignon tout court. Les petites billes ne sont que la trace restée collée de l’intervention de l’artiste. Celui-ci à versé du plâtre dans un bac rempli de ces grains. En se solidifiant le plâtre a gardé sa forme pénétrant dans la masse. La forme obtenue est couverte de billes qui ne sont plus qu’une persistance, des fossiles.

Aux côtés de cette œuvre inaugurale plusieurs blocs blancs se laissent plus facilement  lire. Ici un sac plastique, là un journal ou encore un morceau de roche. Dans ces travaux il semble que c’est plus la texture du plâtre durci, lisse et poudreux, qui ait retenu l’attention de l’artiste. Les œuvres se situent quelque part dans l’écart créé entre l’envie de toucher celle de comprendre.

C’est toujours le geste de la fluidité qui guide les œuvres de l’artiste, le hasard à la rencontre de la fragilité. Ces signes pétrifiés sont ce qui n’aurait jamais dû arriver. Pour autant les sculptures d’Arnaud Vasseux ne sont pas frêles. Il y a en elles un brin de malice qui évoque les vieilles bandes dessinées, le moment où le protagoniste donne un coup de pied à un vieux chapeau lesté d’une pierre. L’objet aurait dû être mou et faible, mais il est dur et douloureux.

Au fond de la galerie un dangereux empilement de minces parois blanches forme la dernière œuvre de l’artiste. Boite blanche (cassable) est l’empreinte résultante de l’aspersion de plâtre d’un assemblage de deux grandes boites. Certainement l’œuvre la plus fragile de l’exposition. Pourtant au toucher celle-ci rend un bruit métallique, elle est armée.