Comme tous les ans : un prix, peu de sélectionnés et à la clé une exposition qui sent la jeunesse et les écoles d’art. Cette saison le prix a été confié aux soins d’Éric de Troncy.

Aux côtés des photographies de natures mortes d’Erwan Frottin et des objets des frères Ronan et Erwan Bouroullec, on trouve les petites œuvres du duo Gaétant Brunet et Antoine Espinosseau. Ensemble ils conçoivent des collages qui ne se laissent pas facilement catégoriser. Et pour cause, ceux-ci ne sont pas surréalistes. Rien d’étrange n’apparaît dans leur travail. Les images que l’on regarde pourraient être vraisemblables, seules les associations de couleurs et de noir et blanc marquent les découpages. On a envie d’être intrigué et bousculé, mais cela ne vient pas. De là née une délicieuse frustration.

L’artiste qui semble le plus présent dans l’exposition est Corentin Grossmann, ses dessins sont un peu partout. Il y développe des paysages à demi grotesques, colorés au crayon de couleur et peuplé de bonhommes au ventre plein.

À ces côté on retrouve aussi beaucoup de travaux de Loïc Raguenes. Celui-ci propose des trames monochromes sur toile – du même genre que celles que l’on peut voir partout et que l’on aime à créer soi même sur photoshop. On ne reconnaît pas vraiment ce qu’elles représentent, elles sont sur fonds blancs, tout semble conforme à nos habitudes. Seulement ce n’est pas si simple, ces trames n’ont pas été sérigraphiées mais faite main! En y regardant de plus près on peut observer le geste du pinceau de l’artiste. Au mouvement ample et toujours spectaculaire du graveur se substitue celui minutieux du peintre pointilleux. Amusant renversement qui renverse le renversement.

Les œuvres d’Adrien Missika procèdent un peu de la même manière. Repérées de loin elles semblent évidentes, mais fatalement on se trompe. C’est à des dessins que l’on pense en apercevant A dying Generation, qui consiste en une dizaine de feuilles de petits formats comportant chacune un palmier maigre et gris. On pense précision, concision, mine de graphite : c’est pourtant de la photographie. Par ailleurs il présente deux photographies de vagues, Standing Waves 04 et 05, dont l’écart d’échelle de ce qui doit être des embruns introduit un doute quant à la véritable nature des ces jets d’eaux. Ont-ils lieu sur une plage ? Ont-ils lieu dans un évier ? Aucune réponse n’est réellement souhaitable. Ce motif tout droit issu du générique de série TV de plage est parfaitement à sa place, coincé entre les années 90 et une histoire de l’art qui n’a de cesse de nous ramener à la mer.