Le musée de la Chasse et de la Nature invite Françoise Pétrovitch. Conforme au lieu, la ronde des animaux qu’elle met en place valse entre vie et mort. Mais elle prend garde de toujours conserver l’idée que ni l’une ni l’autre n’ont de fin.

Dans la grande salle d’exposition, huit dessins, de grande taille, disposés sur un fond parme, jumellent des têtes humaines à des corps d’animaux. Le gris des visages est contaminé par la matière aquarellée et colorée des oiseaux, lapins, cerfs et autres résidents de la forêt. Passé un instant durant lequel on se laisse séduire par la douceur des coloris on s’aperçoit que l’expérience de François Pétrovitch n’a rien d’innocemment BIO. Elle fabrique des siamois, un eugénisme bucolique et quelque peu revanchard qu’elle a baptisé Vanités. Chose étrange, la visite se fait dans un grand bruit qui ne laisse pas le visiteur sombrer dans la rêverie. Il provient du Loup et du loup, une vidéo projetée dans la salle suivante. À l’appel de laquelle on fini par céder, trop empressé de satisfaire sa curiosité. La vidéo qui occupe tout un pan de mur fait se succéder des images à un rythme saccadé et haletant. Ces dessins, qui seuls auraient un intérêt décoratif, sont montés de sorte à former une course à l’arche de Noé au milieu de laquelle deux enfants jouent – dangereusement et en boucle.

L’exposition se poursuit aux étages ou l’artiste est intervenue dans toutes les salles. Elle y insère une ou plusieurs œuvres avec une discrétion qui fait presque systématiquement mouche. D’ailleurs le dialogue qu’elle noue entre les œuvres n’a rien de spectaculaire, souvent il ne fait que chuchoter. C’est un peu comme si Françoise Pétrovitch ne faisait que continuer le commentaire de la société initiée par ses prédécesseurs, à bien des égards, Desportes, Oudry et Snyder sont ses interlocuteurs.

Au milieu de ce bestiaire la figure du lapin se détache. Alors qu’il est assez peu présent dans les collections permanentes du musée on retrouve dans presque toutes les pièces, souvent sous la forme d’un buste en céramique. Ensembles ils forment une présence continue, régulièrement disposées et observant les visiteurs déambuler dans la tanière que Françoise Pétrovitch s’est constituée. Car c’est clair, elle est ici chez elle.