Il y a t’-il matière à faire une exposition du regroupement des dernières acquisitions d’un musée? D’antonin Artaud à Tatiana Trouvé – on aurait aussi bien pu dire du Don à l’achat, de L’Opportunité au hasard, et même des Lacunes aux favoritismes. Toujours est-il que ces œuvres font désormais partie du fond du musée et qu’elles n’en sortiront plus, elles sont donc vouées à être exposées et puis c’est tout. Sauf que certains diront que ces œuvres ont aussi vocation à être étudiées. Étudions donc ce que l’on nous montre.

L’entrée de l’espace est encadrée par deux très grands formats, des formats pour musée. Gilles Barbier et Damien Deroubaix, soit deux artistes que l’on voudrait voir plus exporté, et donc deux artistes dont le Centre Pompidou peut se permettre d’acheter des travaux importants.

À l’intérieur, le choix regroupe des œuvres entrées dans la collection depuis cinq ans. L’accrochage est pourtant chronologique – il court du début du XXème siècle à avant-hier. Les deux premières salles font la part belle aux grands noms, Derain, Tanguy, Picabia et Klee puis Pollock, Guston, Artaud et Jorn font saillir les muscles et la fierté des conservateurs. La suite n’est pas sans surprises, avec quelques noms que l’on connait mais ne prononce plus trop, Jonathan Lasker est de ceux là. La présence d’Ellsworth Kelly est une autre forme de surprise avec une toute petite œuvre qui extirpe l’artiste du gigantisme que l’on connaît de lui.

D’une manière générale les artistes contemporains représentent les 3/4 des œuvres de l’exposition. On croise parfois de bonnes trouvailles, tels les deux dessins sur carton de Sean Scully. Mais souvent les achats suivent le cours des habitudes et des modes. Personne ne trouvera pourtant à redire aux deux très beaux et très sombres dessins de Tatiana Trouvé. On rencontre aussi de judicieuses idées comme pour la grande œuvre de Gregor Hildebrandt que le Centre Pompidou a décidé de ne pas laisser filer.

Une fois le tour effectué, qu’y a-t-il à voir de plus qu’une suite d’œuvres sur papier ? Les accents donnés par le musée quant à la direction qu’il veut donner à ses collections, la générosité (toute relative) d’artistes et de donateurs soucieux de la pérennité de leurs œuvres. Une goute de ceci, un soupçon de cela, des œuvres et d’autres, une exposition dont le maquillage importe tellement peu le visiteur qu’au final il lui reste tout le loisir de regarder ce qu’il a sous les yeux.