Très tôt Constantin Brancusi a commencé à utiliser les films et la photographie dans le contexte de son activité de sculpteur. Ces images, initialement réalisées comme des documents ont rapidement pris une place prépondérante dans la présentation et la réception de ces œuvres. C’est tout ce travail qui est présenté au Centre Pompidou.

Brancusi se met souvent en scène dans ces photographies. Il apparait dans plusieurs d’entre-elles où on le voit à l’ouvrage, posant face aux matériaux qu’il est en train de forcer. Ce faisant, l’artiste sur-contextualise ses sculptures, qui elles-mêmes prennent leur forme grâce aux socles et à la combinaison de ceux-ci. La photographie permet de faire un pas supplémentaire vers une vision globale de l’œuvre. Il met ainsi en place les éléments de son image, rendant sa sculpture et l’expérience de celle-ci indissociables de sa vision. Ces scènes deviennent alors des paysages idéaux où l’art est le contexte de tout, les formes et les volumes s’appuyant les uns sur les autres.

L’artiste exploite le plus largement possible les possibilités offertes par le médium photographique, il construit un dialogue entre celui-ci et la, ou les sculptures, aux quelles il choisit de donner une reproductibilité. À l’aide de la photo il ramasse l’observation de ses œuvres en les simplifiant pour à chaque fois préciser son approche sur un point particulier. Ombres, formes, reflets dans celle ci, tension entre immobilité et mouvement, Brancusi explore toutes les facettes offertes par la rencontre de l’objet et de son image.

Les images ainsi construites deviennent de véritables œuvres, des multiples de la sculpture. Elles entretiennent avec elles un dialogue parallèle et complémentaire à celui qui relie les différents matériaux utilisés par l’artiste son travail. D’une certaine manière on peut dire qu’il y a autant de Princesse X supplémentaires qu’il y  a de tirages photographiques.

L’exposition se termine sur la documentation de l’érection de la colonne sans fin à Târgu Jiu en Roumanie entre 1937 et 1938. Pour ce projet, le travail de Brancusi n’a plus pour environnement naturel son atelier. Y apparaissent alors des personnes qui ne sont ni le sculpteur ni ses modèles, mais les ouvriers  érigeant le paysage conçu par l’artiste. Désengageant la photographie de son rôle de partenaire de la sculpture et l’orienter vers un usage, parfois documentaire, parfois purement pictural.