La galerie Dunkan Hourdequin emménage à Paris, et profite de l’opportunité pour y importer les travaux de Nina Fowler. Il s’agit de grands dessins sur papier, accompagnés pour certains de sculptures qui leur font face et les reprennent en partie.

Ce travail charrie une foule de citations. Et en même temps leur accumulation, les collages, parfois saugrenus qui y apparaissent, nous poussent à les dépasser. Ceux-ci deviennent une toile de fond que l’on devine, que l’on comprend, ou croit comprendre. Il y a entre autres de nombreuses références au cinéma muet. Les visages vus ou aperçus sont souvent familiers, leurs traits et leurs attitudes sont marqués par l’Hollywood des années pré ’50’. Une époque que l’on ne connait que par l’image, et que l’artiste reprend pour construire une narration à son compte. Mais l’essentiel n’est pas là. Le déchiffrage du tableau n’est de loin, que la partie visible du travail de Nina Flower.

Une fois le nez sur les dessins, les lignes et les surfaces s’enlacent et se perdent pour ne plus être que pure sensualité. Ces dessins, au-delà de leurs qualités techniques et visuelles, ont un touché dont le tracé dépassent la question du trait pour embrasser celles purement graphiques, et quasi picturales, du papier qui les contient. Ce face à face nous pousse, jusqu’à la rupture, à nier la distance physique entre la surface et notre regard.  On en vient à vouloir les caresser, au risque de les endommager, en emporter une part sur ses doigts.

Effectués quelques pas en arrière, la foule des gestes et de l’action se déroulant sous nos yeux reprend le dessus. Les fragments de l’imaginaire cinématographique collectif qu’utilise l’artiste se fondent aux références classiques, et l’on se prend à manipuler mentalement le déroulement des scénarios. Les scènes de vestiaires et les scènes de chambres d’hôtels, se remplissent d’antiques athlètes.

Les sculptures sont là pour nous rappeler qu’à regarder ces dessins, à longer leurs surfaces, nous ne faisons qu’efflorer le sujet. Coté pile, elles sont l’exacte reprise d’une des figures de la composition, et côté face, un amas de matière informelle.