Étape 2 marque l’emménagement de la galerie Vanessa Quang dans un nouvel espace. Cette exposition inaugurale est l’occasion pour la galerie de montrer le travail de ses artistes dans un espace fraîchement blanc.

Lucien Murat fait partie des nouveautés avec des œuvres entièrement imprégnées de la guerre américano-islamique. Son travail est recouvert de figure barbue en djellaba et de petits soldats verts. Il détourne des tapisseries, les rapièce et les améliore après les avoir trouvées. Les personnages aux poses mythologiques un peu mièvres qui les peuplent initialement sont revus et corrigés au gout de prophéties modernes. Il en ressort un joyeux bordel aux accents caustiques et apocalyptiques où tout se mélange à tout. Plus loin dans la même pièce, une imposante installation de l’artiste donne une autre dimension à son propos. Dans celle-ci les mêmes armées s’agglutinent dans un fortin millénariste aux allusions enfantines et pornographiques. Ce sont les mêmes figures stigmatisées, d’un côté les verts, de l’autre les blancs, qui s’affronte sans que l’on ne sache tellement qui attaque l’autre ni qui trouve ça le plus amusant.

Sur le mur d’en face, sont accrochés les dessins de Nikolaj Bendix et Skyum Larsen. Ils représentent des « boat people » dont on ne voit que les lignes faites de points lumineux sur des fonds noirs. En plissant un peu les yeux, on pourrait penser qu’il s’agit de constellations, de ciels sans nuages remplis d’étoiles. Mais la réalité de l’image est implacable, nous les connaissons toutes, et ces embarcations de fortunes perdues sur leurs fonds uniformes ont plus tendance à nous faire baisser les yeux que lever le regard en l’air.

L’exposition mêle donc, sans scrupules, parodie et réalité. Elles forment des face-à-face qui désarment les propos tout faits autant que les visiteurs si prompts à les formuler. Qu’ont à dire les lapins blancs de Pekka Jylhä aux spirituelles boîtes noires de Flavia Bigi ? Probablement que le nivèlement de l’art est assez redoutable pour transformer en farine l’actualité la plus brûlante et tendancieuse. De même Welle, l’installation de néons semblant flotter dans l’air de Valentin Ruhry, berce tranquillement le visiteur, quitte à l’endormir alors que l’instant d’avant, celui-ci faisait face à la reprise grinçante de l’araignée de Louise Bourgois par Pascal Lièvre.