Le centre d’art contemporain rennais 40mcube a pour vocation de produire des œuvres, en l’occurrence il aurait été impensable d’utiliser un autre terme pour caractériser la construction proposée par Sarah Fauget et David Cousinard. On parle ici d’une scierie, de bâti, de travaux publics.

L’objet concilie une charpente lourde et un revêtement gris qui fait penser à celui des pistes de F1. Mais la forme finale n’a rien de tout ça, ce n’est ni un abri de bus ni un circuit de course mécanique. Les poutres larges comme des cuisses s’emboîtent les unes dans les autres, s’articulent en appuis et contre appuis pour former une chose lisse et stable mais parfaitement inconnue. Cela pourrait être le reste soclé d’une construction enfantine élevée à l’échelle adulte, la carlingue d’une navette spatiale juchée sur un pont levis ; ou peut-être encore la hanche d’un dinosaure naturalisé. Finalement on aura bien du mal à se prononcer sur la nature de la chose, la notice prudente lui donne d’ailleurs des dimensions « variables », il pourrait bien en advenir une version de poche.

Dans un coin de l’exposition est accroché le dessin d’une corneille. Celle-ci est représentée une étiquette à la patte, juchée sur une branche et le bec ouvert devant une petite échelle. À mi-chemin d’une illustration de catalogue zoologique et d’un animal de compagnie imaginaire.

La troisième intervention du duo d’artiste : Découverte, est un escalier de six marches menant à une porte incrustée au milieu d’un mur. L’absence de finition, l’aspect bricolé et peu fiable de l’ensemble rend la montée hasardeuse. On hésite un instant avant de se décider à gravir le petit mètre qui conduit à l’encadrement simple mais inhabituel de la porte. Une fois en haut, on découvre sans grande surprise que l’on ne peut pas l’ouvrir, qu’elle n’a même pas de poignée ; on pousse, mais rien ne se passe.

De là, en se retournant, on voit l’ensemble de l’installation et les quelques personnes visitant l’exposition qui nous regardent d’en bas. Ne reste plus alors qu’à redescendre de ce piédestal de Placoplatre. L’expérience est relativement insignifiante, pourtant elle prend un certain intérêt en regard de celles qui précédaient. On peut passer de l’une à l’autre sans croire que ces trois œuvres sont du même artiste. Le côté brut de la construction a peu à voir avec le dessin, qui lui-même ignore l’escalier dans un jeu de « ni – ni » tout droit sorti d’une boîte à jouets.