Jan Fabre présente à la galerie Daniel Templon un double ensemble d’œuvres récentes. Dans les deux cas il est question de têtes, l’artiste s’évertue à nous révéler deux ou trois choses qui pourraient s’y passer. Dans Portrait d’un artiste en évasion, c’est même la sienne qui est mise à contribution.

Pour Chimères, l’artiste, qui aime les matières grasses autant que celles réfléchissantes, a décidé de porter son regard sur le cerveau et de le figer dans la céramique. L’exposition est composée de bulbes crâniens, certains dessinés, d’autres sculptés, et tous – veines et artères obligent – sont zébrés de rouge et de bleu. Ces cerveaux sous cloches de verre servent de substrat à quelques amusantes plantations ; on voit y prendre racine : une croix noire et une croix blanche, des arbres, une paire d’ailes, des chaussures et un écorché creusant un sillon. Deux d’entre eux sont affublés d’yeux, ce qui leur donne un regard perçant et plissé un peu niais.

L’artiste reprend cette dernière idée en faisant les portraits de chauves pris juste au-dessus du nez, de sorte que l’on ne voit que les yeux, le front, le crâne et les sourcils. Noyées par la photo, ces têtes bien vivantes sont surmontées de choux-fleurs. L’association est amusante – rien de plus.

Chaque portrait est accompagné d’un dessin moitié moins grand. L’artiste y met en scène un cerveau, ou une autre partie du corps, au milieu d’objets divers. On ne sait pas vraiment s’il s’agit ici de fétichisme ou d’une simple déclinaison de l’idée initiale.

Dans le second espace de la galerie, Jan Fabre revêt les atours de meurtriers connus. Il crée une galerie de portraits à laquelle il donne ses traits mais emprunte le folklore. La tête d’affiche de ce tour carcéral est une célébrité locale : Jacques Mesrine. Rentrer dans la peau d’un voyou semble beaucoup plus facile à dire qu’à faire, Jan Fabre, même avec tout ce qu’il faut de pastiche et de tatouage, a tout juste l’air d’une petite frappe de quartier. Ce Portraits d’un artiste en évasion n’a pas grand-chose d’une cavale, on dirait plutôt une ballade de carnaval.

D’ailleurs les photos de ses mises en scène en Mesrine sont un peu ridicules, l’artiste est dans la parodie, et tout est bon pour donner un goût de marshmallow au polar qu’il interprète.