Laurent Montaron n’est pas un artiste particulièrement prolixe. L’exposition ne propose que trois œuvres. Cela semble peu, d’autant qu’elles ne sont pas toutes de très grande dimension, pourtant l’intelligence mise dans chacune suffit à justifier la visite et le travail de l’artiste.

La première œuvre : Phoenix est constituée d’un antique gramophone dont le mécanisme exhibé est fixé à une planche de bois d’une dizaine de mètres carrés  posé à quelques centimètres du sol. À l’entrée des visiteurs, quelqu’un vient remonter le ressort à l’aide d’une clé, cela ne prend qu’un instant pour que le dispositif se mette à crachoter un enregistrement bien audible mais absolument incompréhensible. On a beau s’approcher au plus près du pavillon, les paroles que l’artiste a enregistrées restent énigmatiques ; au bout d’un moment elles finissent par évoquer le bruit de fond d’une madrasa, un débit entêtant qui continue à nous accompagner alors que nous contournons la planche de bois pour poursuivre notre visite.

La seconde œuvre de l’exposition est un film transmis par un projecteur un peu moins vieux que l’appareil précédent mais suffisamment ancien pour couvrir de son ronronnement les restes de bruits venant du phonographe. La projection au ralenti montre le visage d’une religieuse. Elle a les yeux clos et les lèvres pensives, le teint apaisé, et semble avoir les paupières légèrement fardées. Après renseignement, on apprend qu’il s’agit de Bernadette Soubirous, la sainte dont le corps embaumé a gardé une fraîcheur étonnante. Le film montre les variations de la lumière sur son visage, et en font une apparition qui vaut tous les voyages à Lourdes.

La dernière œuvre de l’exposition est une photographie dont on ne distingue presque rien au premier coup d’oeil. Il y a là ce qui pourrait être un ciel et des étoiles, une ligne d’horizon et un robot. Encore une fois il faut poser la question pour en savoir plus. Car ce travail ne reflète pas que les rêves d’astronaute de l’enfant qu’a été l’artiste, il représente le rêve d’infini d’une multitude de personnes. Ce que nous avions pris pour une machine étrange est en fait le projecteur d’un planétarium, les étoiles sont des images d’étoiles, et l’horizon est à moins de quelques mètres de la prise de vue.