Pour cette première exposition à Paris, Seth Price a choisi de ne pas trop nous faciliter la tâche. Même si l’ensemble des pièces présentées dans la galerie Chantal Crousel forme une unité clairement reconnaissable, les enjeux et les références soulevés par les œuvres sont tout aussi ostensiblement multiples qu’ils sont traités avec légèreté.

L’artiste emploie des plaques de plastiques thermoformées. Plusieurs éléments sont enfermés dans cette matière inerte. Une fois embouties, ces plaques composent avec les objets qu’elles figent une image parfois abstraite, parfois figurative, et quasiment toujours noyée dans la couleur. Ces éléments se détachent du fond sans toutefois envisager de s’en libérer. Ainsi, on y retrouve souvent des cordes, abandonnées et en prises avec la matière plastique des tableaux. De cette immobilité forcée émerge une multitude de références, partout où elles sont présentes on se demande ce qu’elles ont pu vouloir nouer, quels éléments elles sont sensées raccorder et entraver. En s’approchant de plus près, on s’aperçoit que ces morceaux sont neufs, qu’ils ont encore la couleur et la brillance de la corde que l’on achète au mètre. Leur tressage est rigide, ils viennent d’être découpés, ce ne sont d’ailleurs probablement que des chutes. De petits restes après usage.

Dans certaines œuvres, les cordages côtoient des figures. On les voit manger, dessiner ou embrasser dans le vide. Souvent elles semblent avoir été tracées à la hâte, parfois reprises d’illustrations ou de photographies. Elles sont posées sur des fonds colorés et sont lézardées par les cordes, elles aussi prisent dans la masse de la surface. Tout rapprochement narratif serait hasardeux, ces éléments sont autant de références incapables de communiquer. Seth Price n’est pas allé à la chasse aux papillons, il ne fait pas de classement taxinomique. Il entrave des signes qu’il ne choisit peut être même pas.

Ailleurs dans la galerie une vidéo est posée au sol, elle est faite de sous titres et suit le phrasé de l’artiste qui raconte une histoire d’oiseaux et de petites filles. Pour savoir si c’est un conte de fée il faut tout écouter.