Cette exposition organisée à l’occasion du Nouveau Festival, choisit d’investir la notion de l’éther. Tout ce que la communauté artistique compte de scientifiques, de mystiques, de shamans, de charlatans romantiques et de rebouteux plasticiens est réuni ici sous une bannière lumineuse de Claude Lévêque : Ether. Ce regroupement, plus informel que rigide, aurait aussi bien pu se placer sous l’autorité de Descartes et de Duchamp, l’alpha et l’oméga d’une pensée solide posée sur du vide. Mais l’exposition montre qu’il existe bien d’autres associations possibles. En la matière, nombreux ont été les illuminés.

La photographie est ici à son aise. Etienne-jules Marey s’applique à photographier les Mouvements d’air, Man Ray nous rapproche du Phénomène de L’extase, Gisèle Freund rencontre une Médium, et Moholy-Nagy comme à son habitude explore le médium lui-même. Plus loin, deux grands tirages d’Evariste Richter – Démocrite/Aristarque – retiennent notre attention ; l’un est rempli de signes et de traces,  l’autre est pratiquement vide. D’une part une somme en extension, de l’autre le déploiement de l’horizon. C’est un tourbillon d’expériences et de petits nuages de fumée qui nous rappellent nos propres tentatives après avoir reçu la panoplie du petit chimiste à 10 ans.

C’est là qu’il ne faut pas se méprendre en visitant cette exposition ; on y trouve des choses sérieuses, d’autre moins, des fumistes et de la rigueur, mais tout y est enveloppé et égalisé par une épaisse scénographie noire mettant les propos à distance pour ne faire ressortir que la beauté du geste. D’ailleurs, nous ne sommes pas obligé de toute comprendre, Ugo Rondonone en majesté devant l’entrée en témoigne : Neunterjunizweitausendundneun (traduira qui pourra).

L’exposition fait aussi la part belle aux représentations du ciel. Il est présenté dans tous ses états et par de nombreux observateurs qu’ils soient artistes ou scientifiques, fantasques et indifférents. Ces ciels, ces milliers d’étoiles – de Thomas Ruff à Vija Celmins – nous absorbent et consomment le regard par leur nombre sans fin.

Une programmation de vidéos et de films est aussi proposée aux visiteurs. La liste est longue comme un jour sans pain et pleine de promesses, mais il faut avoir le temps. Un temps qui ne nous dispense pas d’aller au Palais de la Découverte mais a le mérite de décomplexer tous ceux qui se refusent à la Cité des Sciences.