Le second espace de la Galerie Emmanuel Perrotin est occupé par les familiarités de Daniel Firman. Des constructions empruntées aux formes stables, face auxquelles on ne sait jamais trop sur quel pied danser. Il y a toujours dans ce travail une oscillation entre la naïveté et l’acuité des constats. Tantôt Firman nous prend par la main pour nous montrer ses jouets, tantôt il nous les jette à la figure.

Reverse est un congélateur sur lequel est tombé une plaque de granite, autant dire que si le congélateur s’appelle Lavier, et que la plaque de granite fait fortement penser à un monument funéraire. Près du mur d’en face, est posée ce qui ressemble à une chaise bricolée, vraisemblablement a l’aide de morceaux de bois et de polystyrène. En fait il n’en est rien, More Weight est en bronze. Un titre qui pourrait être le slogan de L’artiste, tant celui-ci aime conjuguer le geste et la masse.

Tout au fond de l’espace principal, une grosse machine à laver tourne sur elle-même dans un cube de plexiglas. En l’écoutant on comprend que son rythme nous est familier, ces accélérations répétées et carrément irritantes sont les mêmes que celles que nous endurons à chaque corvée de linge. L’artiste réalise ainsi le rêve de rendre la monnaie de leurs pièces à ces machines bruyantes et laborieuses, qui plus est, toujours trop lentes à nous servir. On est tout de même curieux de savoir à quelle fréquence le futur propriétaire de Rotomatic lancera les programmes de l’œuvre ?

Par ailleurs, l’exposition regorge de prénoms, Clara, Philippe et Emmanuelle sont chacun un point fermé sortant du mur légèrement au-dessus du niveau de notre regard. Ils retiennent un secret nous dit-on, on lève donc la tête, mais l’on constate seulement qu’ils risquent d’attraper une crampe à rester ainsi tendus. L’ensemble Backflip est lui aussi fragmenté en autant de : Jérôme, Jenny, Victoria et Joséphine. Une jeunesse à peine adolescente, mince et branchée, se déhanchant aussi souplement que dans Grease, mais dont les visages restent toujours cachés.

Dans le dernier espace, Le feu est une joyeuse flambée faîte de belles bûches savamment enchevêtrées les unes dans les autres. C’est le genre de spectacle hivernal que l’on aime à observer, jamais nos cheminées n’ont eu si belle allure. Et c’est bien là le hic, ces bûches ne sont pas en bois, et le feu dégage une désagréable odeur de becs à gaz. Rien ne crépite dans ce foyer, plus on s’en approche plus il nous semble inquiétant, et l’odeur du butane donne à l’atmosphère des relents d’accidents domestiques.