Cette exposition, qui n’est pas du cru de la galerie qui l’accueille, est organisée par l’Irmavep Club. Ce groupe s’est choisi un nom alambiqué, mais ce n’est pas sa seule façon de se distinguer. Il produit et distribue aussi des textes de présentation évitant les petites phrases toute faîtes du jargon commercial habituel des galeries et, cerise sur le gâteau, leur auteurs connaissent l’usage de notes de bas de page, une rareté.

L’exposition regroupe des œuvres très différentes les unes des autres, à commencer par deux d’entre elles que l’on ne voit pas. Les pièces de Maria Loboda et de Jordan Wolfson sont intimement liées. La première n’est que lumière, mais pas n’importe quelle lumière, elle est de la couleur moyenne de la lumière dans le cosmos. Autant dire que l’on ne voit pas de grande différence en entrant dans la galerie. Nos yeux étant parfaitement habitués aux choses moyennes, qu’elle soit de ce monde ou en provenance de l’infiniment grand. Et l’artiste se plaît à nous le rappeler. Dans la seconde œuvre, il est aussi question de lumière, mais cette fois-ci sous l’angle d’un interrupteur. Il permet d’allumer et d’éteindre à sa guise l’éclairage de l’exposition, d’où le lien avec l’œuvre précédente. Encore faut-il oser s’en servir.

Près de l’entrée, une tranche de piano, épaisse comme une note, est posée à terre. La n3 est pièce de Thomas Dupouy. Bravant le risque d’être foulée par les visiteurs, cette œuvre délicate et affalée, fait l’autopsie de l’instrument sans en révéler ses mystères.

L’exposition propose aussi plusieurs photographies. On trouve notamment celles de Michael Pfisterer. À la lecture du texte d’interlocution de ces œuvres, il semble qu’elles soient un peu plus complexes que l’on ne le voit de prime abord. Sans cet éclairage, elles ne présentent que des fleurs en plastique géantes, montées sur un manche à balais et plantées au milieu d’une salle blanche.

Dans le second espace, une photographie au grain très marqué de l’artiste Olve Sand, Proposal for a monument, montre deux personnages dans une forêt au milieu de laquelle est posée une stèle noire et réfléchissante. Les passants ne semblent pas étonnés de cette présence, ce grand monolithe n’est pour eux qu’un objet parmi d’autre. Pour nous qui lui faisons face au travers de la photographie, il est le signe d’un véritable ailleurs. Pratiquement en face de cette photographie l’artiste Maurice Blaussyld a dressé une pierre, Granit. Évocation d’un monument pour un évier posé sur le côté.

Ces deux œuvres se répondent étrangement, l’une prenant le contre-pied de l’autre. Clôturant ainsi le premier volet d’expositions du groupe.