À l’idée d’aller voir une exposition de l’artiste suisse on sait déjà que l’on en ressortira avec le sourire. Bien que particulièrement conceptuel, son travail sait toujours trouver une distance amusante avec le réel. Il a ses matériaux fétiches que l’on retrouve dans cette présentation ; en dehors de ses ritournelles personnelles, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Tout au plus nous savons que ce ne sera pas statique, que les gestes seront simples, et que l’on rentrera chez soi en envisageant d’y reproduire le travail.

Le visiteur est accueilli par un porte parapluie rempli d’eau. Impossible et même clairement déconseillé d’y mettre le sien. Celui qui y est plongé a définitivement terminé sa course contre l’humidité. Il l’a perdue.

Tout de suite après, trône un grand piano à queue noir, tout simplement appelé Piano. Près de la table d’harmonie ouverte, l’artiste a disposé des ventilateurs qui font jouer des balles de ping-pong sur les cordes. Une fois mis en route, le système que l’on s’imaginait désagréable et bruyant s’avère être musical et doux. Sauf que le bruit incessant et agaçant des deux ventilateurs finit par nous éloigner de la pièce. Le personnel de la galerie s’empresse d’ailleurs d’aller les éteindre une fois les visiteurs sortis.

Ceci étant, l’œuvre qui suit a aussi un côté repoussoir. Elle consiste en une paire de skis de fond accrochée horizontalement au mur comme deux couteaux fixés par la base. On ne sait pas s’ils en sortent ou si ils y sont plantés, on remarque simplement qu’ils nous menacent quand on y fait face. Mais une fois que l’on se dispose à côté, ils feraient de bien jolies étagères.

Dans le dernier espace d’exposition, deux ventilateurs sont suspendus face à face. Quand ils sont allumés ils se repoussent en se redressant dans un mouvement à la fois très simple et parfaitement incongru.

Cette fois encore on peut être reconnaissant à l’artiste de nous épargner le story telling qui envahi la création quand elle est aussi conceptuelle. Il y a peu à penser à partir de ces œuvres, et l’artiste ne s’en cache pas en tentant de nous renvoyer à telle ou telle image. Les œuvres sont à chaque fois comme un jeu de l’oie où toutes les cases ont été empilées. Puisque l’on a tout sous nos pieds, on n’avance pas, on ne recule pas, on voit ce que l’on peut faire avec.